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Good Boy
Le corps comme un réservoir de mondes, des espaces, des modes d’existence, des flux, des mutations, des transformations. Opposé au corps-outil du danseur, Good Boy trafique avec l’idée d’un corps- appareil, un corps-instrument privilégié par lequel s’exacerbe une certaine forme de transgression ; un corps qui expose la saturation sociale et morale, un corps qui dit la vitalité́ et la maladie. Nous ne savons pas de quoi le corps est capable. Alors, pourquoi pas reprendre le corps à zéro, inventer une nouvelle géographie articulaire, s’offrir une autre grammaire organique. Explorer sa surface comme un champ de segments hétérogènes et indépendants, agencer des rapports de masses, lui dessiner des prolongements, des excroissances. Déplacer ses fonctions initiales. Répéter des gestes quotidiens pour lui inventer des entraves fictives. Effacer les contours identitaires pour mieux en esquisser d’autres. Fabriquer un corps inutile – c’est-à-dire lui permettre d’accéder à un statut artistique lui refusant ainsi toute idée fonctionnelle, pour le ceindre d’un nouvel état ; embrasser une nouvelle stature ; et faire éclater l’idéal esthético-héroïque hérité de J. J. Winckelmann.
Alain Buffard [9 novembre 1997]