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For Four Walls
« Nous avons choisi de célébrer le centenaire de la naissance de Merce Cunningham avec For Four Walls, dont la musique sera interprétée en direct par la pianiste Vanessa Wagner. La première aura lieu le 23 mai 2019 à l’Opéra national de Lorraine à Nancy. La pièce originale, Four Walls, était une création dramatico-chorégraphique sur un texte et une chorégraphie de Merce Cunningham, et une musique pour piano seul de John Cage. Après la première et unique performance en 1944, elle a été perdue et oubliée, jusqu’à ce qu’à la fin des années 1970, le pianiste Richard Bunger redécouvre la partition parmi les manuscrits de Cage. Aux dires du compositeur lui-même, cet ouvrage pour piano et voix seule, rappelle voire préfigure la musique de Philip Glass et Steve Reich – « c’est plein de passages répétés, tout est écrit pour les notes blanches du piano, c’est en sol majeur et la musique ne s’arrête jamais ».
La structure du morceau repose sur des contrastes : fort et doux, haut et bas, etc. avec une tension psychologique assez inhabituelle pour Cage. En réécoutant sa propre partition, il la trouva plutôt intéressante – une vrai pépite dont il fut le premier surpris d’apprendre qu’il en était le compositeur ! Alors que les deux artistes commencent à peine leur collaboration, la musique – comme le peu que nous savons de la danse et de la scénographie – apparaissent vraiment comme des prémices de ce que nous identifions aujourd’hui comme emblématique du travail du duo Cunningham/Cage. C’est une pièce de jeunesse, pleine d’émotions contraires et très intimes.
Notre relecture de la création originale s’intéresse particulièrement à cette notion de pré-période « Cage/Cunningham », tout en l’envisageant à la lumière de ce qu’ils nous ont laissé. For Four Walls est un « wanderlust » à travers une pièce, l’individu, et l’histoire que nous partageons. La « pièce » est un espace entouré de miroirs qui donne l’impression d’être délimitée ou non de murs selon les moments. Définissant l’infini, passant à travers lui, ou se voulant comme un espace réflectif – un endroit pour se souvenir que nous appartenons à ces espaces interconnectés et à leurs temporalités. Nous l’imaginons comme un non-espace, perpétuellement vulnérable et en mouvement ; dans lequel les distances sont relatives et les relations humaines toujours en flux.
Nous n’envisageons pas For Four Walls comme une recréation de la pièce originale perdue, mais plutôt comme une réfraction en lien avec son histoire et notre histoire avec Merce. »
Petter Jacobsson et Thomas Caley
Source : Ballet de Lorraine