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Faux mouvement
Dans un jeu qui invite les corps, l’espace, la lumière à altérer la perception du spectateur parfois jusqu’au mirage, quatre interprètes questionnent le rapport à la vitesse, la thématique de l’accident, l’idée de faux mouvement. Au CND le 29/11/12.
Dans un jeu qui invite les corps, l’espace, la lumière à altérer la perception du spectateur parfois jusqu’au mirage, quatre interprètes questionnent le rapport à la vitesse, la thématique de l’accident, l’idée de faux mouvement. Fabrice Lambert est accueilli en résidence longue au Centre national de la danse durant trois saisons de 2012 à 2015, avec le soutien du Département de la Seine-Saint-Denis.
Avec « Faux mouvement », les quatre danseurs sont immergés dans un espace à double-fond, parcouru de strates sonores et visuelles parfois troublantes. Fabrice Lambert s’est inspiré pour cette pièce des écrits du philosophe Paul Virilio autour de la vitesse et de l’accident qui caractérisent selon lui le monde actuel : la réalité n’est-elle pas affectée par une suite d’accidents, qui orientent son évolution ?
Sur scène, les corps en tension, ballottés d’une posture à l’autre, traversés par des accélérations et des arrêts abrupts, s’engagent radicalement dans des prises de risques, comme pour déjouer une constante et indicible menace.
« Après la pièce de groupe « SOLAIRE », je souhaitais, avec la même équipe, prolonger la recherche de son écriture chorégraphique et questionner l’engagement physique aujourd’hui.
Cet engagement s’interroge de deux façons : quels sont les enjeux et les nécessités d’un engagement physique ? Qu’est-ce-qu’il permet que je ne soupçonne pas ? Une partie de cette réponse se trouve dans l’idée de ce que l’on nomme par erreur les faux mouvements… L’idée première est d’interroger le nombre de choses concrètes et inadaptées que l’on rencontre très souvent. D’un côté, on trouve toutes sortes de mouvements empêchés ou douloureux, sauts sur place, glissements, bascules et renverses ; de l’autre, des mauvaises postures, des fausses positions − positions bancales, instables ou intenables, positions improbables, voire impossibles, où le repos ne semble pouvoir être gagné qu’au prix d’une oscillation de plus en plus rapide entre deux solutions inconciliables et également insatisfaisantes.
Ce qui m’intéresse dans l’absurdité de ces situations, ce n’est pas la contradiction en elle-même, mais le mouvement contrarié qui évoque une posture impossible : « Saut perpétuel » d’une position à l’autre, « ballottement », « balancement », « va-et- vient », « navette » vertigineuse : c’est dans cette agitation le plus souvent imperceptible que sont produits des fantasmes, des effets de mirage…
Cette question rejaillit sur la notion même de faux mouvement. D’une part, le faux mouvement, en tant que mouvement, est un acte simple, il appelle un effort d’intuition spécial, une saisie de la posture en deçà de la position, de la tendance en deçà de la direction ; mais d’autre part, s’il s’agit bien d’un mouvement faux, il doit se ramener d’une manière ou d’une autre au mouvement quasi-mécanique. Mais toute la question est justement de savoir ce qu’est un mouvement qui se fausse et comment le retracer. »
Fabrice Lambert
Dernière mise à jour : juin 2013