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Éloge du puissant royaume
« Éloge du puissant royaume » est la traduction littéraire de l’acronyme anglais Krump – Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise. Ce péhnomène urbain est né à Los Angeles dans les années 90 dans un contexte de guerre des gangs et d’émeutes raciales.
J’ai rencontré les danseurs de Krump sans doute parce que je les ai toujours cherchés. Ils s’appellent, Jigsaw, Kellias, Crow… noms de code de leur identité réinventée. Le Krump est un mouvement profond, pas encore une marchandise. Il semblerait que le monde ait fait naître là où on ne l’attendait pas, une danse du dedans, authentiquement spirituelle, faite pour débusquer des monstres et dire l’inarticulé des paroles rentrées dans la gorge de ceux qui ne peuvent même plus crier. La seule danse qui vaille.
Avant d’être une mode, c’est un rite inventé, une sorte de louange forcenée, la contorsion brutale de celui qui refuse la camisole contemporaine.
Ces danseurs nous disent : Qu’arrive-t-il à la force qui nous mène? Que signifie ce monde échoué? Qui vit dans l’obscur de nous-mêmes ?
Cette danse est une chance car elle est un partage de la violence qui nous fonde et un moyen de la comprendre en se délivrant du discours.
C’est une danse du début ou de la fin des temps qui dit l’essentiel de ce qui fait un homme aujourd’hui, un secret pour lui-même vivant debout au plus noir de sa propre nuit.
Source : Heddy Maalem, mai 2012
En savoir plus : http://www.heddymaalem.com/