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Echo
Créé en 2003, « Echo » revisite vingt années de création en piochant parmi sept pièces du répertoire de Catherine Diverrès : « L’Arbitre des élégances », « L’Ombre du ciel », « Fragment II », « Concertino », « Stance I », « Corpus » et « Fruits ».
Créé dans le cadre du Festival de danse de Cannes en décembre 2003, « Echo » se veut un « voyage à travers les pièces antérieures » [1] de Catherine Diverrès, constitué d’extraits de sept pièces, choisis parmi vingt années de création : « L’Arbitre des élégances », « L’Ombre du ciel », « Fragment II », « Concertino », « Stance I », « Corpus » et « Fruits ». « Seulement du mouvement, juste cela » [2] formule comme première intention Irène Filiberti pour cette sélection organisée en deux parties de 50 minutes. « Agencés selon une progression ryhtmique », les extraits privilégient « la musicalité des corps » [3] : « De brefs solos s’entrelacent aux duos ou trios, que de plus longues séquences d’ensemble harmonisent. “Echo” se présente comme un ensemble de partitions ouvertes. Sur ses portées, les pas hantés des processions, des trajectoires vives striant l’espace en diagonales lumineuses, des envols effarés de corps dispersés en mouvements singuliers. Stances solitaires, cadences liées à l’évocation de la communauté et de son histoire, toutes les palettes du temps palpitent sur le plateau, dans un espace noir et profond qui se transforme par vagues, se teinte de différentes couleurs, varie selon les émotions et les états traversés. Un voyage intérieur qui parle d’une communauté et de sa langue. La danse. » [4]
Mêlant nouveaux et anciens interprètes, « Echo » offre l’occasion aux danseurs – comme l’ont fait « Retour », « Voltes » ou « Stance I » précédemment – d’incorporer « l’univers, la technique, l’énergie » de Catherine Diverrès, et de provoquer « une résonance “inconsciente” » dont « il puissent se servir plus tard » [5]. « L’idée du jaillissement accompagne cette démarche, précise Irène Filiberti, pour les nouveaux danseurs, comme pour ceux qui ont été à l’origine des pièces revisitées, et jusqu’à la chorégraphe elle-même, [elle] interroge les qualités du mouvement comme de l’écriture. » [6]
Avec « Echo », Catherine Diverrès confronte ses pièces antérieures, « d’une nature plus tragique », à un public renouvelé : « Il était important que ce public là, quinze ans ou vingt ans plus tard – public qui ne connaît pas du tout mon travail, et qui va tout d’un coup voir une pièce d’aujourd’hui – comprenne cette écriture-là et c’est une façon aussi de transmettre au public quelque chose qui n’existera plus jamais et qu’il ne reverra plus jamais. » [7] Ce nouvel opus éprouve ainsi une nouvelle fois la solidité de l’écriture chorégraphique de la directrice du CCNRB, vérifie sa pertinence et interroge : « comment ça tient quinze ans plus tard ? » [8]
Travailler le temps, la mémoire, la transmission est aussi pour elle une façon de réinvestir sa danse, de décadrer le processus de création, comme l’a été le dialogue avec Palerme et la culture méditerranéenne, à la création de « Cantieri », « un matériau nouveau que les nouveaux interprètes ne vont pas puiser en eux-mêmes à travers des recherches et autres formes d’improvisations, mais plutôt en enquêtant sur des évènements passés » [9].
Enfin, revisiter son répertoire signifie aussi pour la chorégraphe une prise de distance avec les pièces passées comme elle l’explique en 2007 à la caméra d’ Hervé Portanguen : « Il y a ce pont qui s’est créé avec les danseurs qui fait que pour moi, j’ai fait mon travail de transmission. Mais pour moi, de faire “Echo”, de faire ces solos, ça m’a permis aussi quelque part de faire le deuil de pièces anciennes. Quelque part, le fait de transmettre permet d’ouvrir des pages nouvelles. Quelquefois c’est difficile à porter finalement quinze ou vingt ans de chorégraphie avec les danseurs qui partent et des pièces qui ne seront jamais re-dansées, qui seront oubliées. De les faire revivre et de les transmettre à un moment donné, d’abord c’est très émouvant mais ça permet aussi de donner de la distance avec ce passé. » [10]
[1] C. Diverrès, dossier de création, 9 décembre 2002
[2] I. Filiberti, Catherine Diverrès, mémoires passantes, Paris : Centre national de la danse ; L’Oeil d’or, 2010, p. 92.
[3] Ibid, p. 94.
[4] Ibid, p. 93-94.
[5] C. Diverrès, propos extraits de H. Portanguen, « Vous dansez ? », 2007.
[6] I. Filiberti, ibid, p. 93.
[7] C. Diverrès, ibid, 2007.
[8] Ibid.
[9] Ibid.
[10] Ibid.
dernière mise à jour : novembre 2014