Ce contenu contient des scènes pouvant choquer un public non averti.
Souhaitez-vous tout de même le visionner ?
Dub Love
Enregistré au CND le 2 mars 2017
Peut-on imaginer plus grand écart – culturel, esthétique, imaginaire – qu’entre une danseuse en académique, haussée sur ses pointes, et un musicien de dub penché sur ses platines ? Entre les basses puissantes qui propulsent cette musique électronique, s’appuyant sur l’utilisation de gigantesques soundsystems, et la légèreté de l’étoile et son idéal aérien, niché dans l’écrin de l’opéra ? Entre un style musical puisant aux sources du ragga, conçu pour faire bouger une masse de corps ancrés au sol, produire une vibration dense, à la limite de la transe – et un art de l’élancement, du pur mouvement, dont la pointe est en quelque sorte le symbole contradictoire : simultanément tension vers la hauteur, défi à la gravité et contrainte physique, tout autant que l’expression de la dimension spirituelle de l’élévation. La recherche du grand écart, de la friction de genres a priori inconciliables, est une constante du travail de Cecilia Bengolea et François Chaignaud. Dub Love offre une résolution étonnamment pacifiée de ce conflit apparent – comme si la fusion des rythmes et des mélodies offerte par le dub maker High Elements, et les concrétions chorégraphiques mêlées d’improvisations ragga que déplient Cecilia Bengolea, François Chaignaud et Hanna Hedman, inventait une danse tierce, ne relevant d’aucun code préétabli, d’aucune image figée. Jouant de toutes les vitesses, les déséquilibres, les hauteurs, permises par les pointes, ils construisent un paysage de formes mouvantes suspendues entre ciel et terre, grand jeté classique et balancement ragga.
Mise à jour mars 2017