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Du doute et de la certitude

Chorégraphie
Collection
Année de réalisation
1993
Année de création
1993

Création de Raffaella Giordano pour la « Fin d’études » des étudiants du CNDC ; captation du 4 avril 1993 au théâtre Chanzy (Angers)

Spectacle de fin d’études des étudiants du CNDC enregistré le 4 avril 1993 au théâtre Chanzy (Angers).

Sous la direction de Joëlle Bouvier et Régis Obadia, chaque promotion d’étudiants du Centre national de danse contemporaine, CNDC d’Angers, conclut sa formation de deux ans par le spectacle des Avant-premières. Celui-ci consiste en un programme de deux ou trois pièces élaborées à leur intention par des chorégraphes invités. Ce modèle était déjà celui en vigueur sous les directions antérieures de Michel Reilhac, et de Nadia Croquet. Il parachève une conception de la formation de l’artiste chorégraphique à travers une pragmatique des conditions de création, production et diffusion qui attendent l’interprète professionnel, techniquement adaptable à toutes les esthétiques. En avril 1993, Raffaella Giordano est la première à ouvrir ce cycle, avec la pièce Du doute et de la certitude. Ancienne interprète de Pina Bausch et de Joëlle Bouvier et Régis Obadia, Raffaella Giordano compte parmi les artistes chorégraphiques italiens qui choisirent de s’installer en France dans les années 80 pour donner un cours stylistique plus contemporain à leur développement.

Source : Gérard Mayen

Entretien avec Raffaella Giordano au terme des cinq semaines de répétition pour la création de sa pièce Du doute et de la certitude.

Quelle est votre formation de danseuse?

Je ne suis pas allée dans une école, ma formation s’est faite par des rencontres et je me suis nourrie de la façon dont travaillaient les autres. J’ai ainsi travaillé avec Carolyn CARLSON, Pina BAUSCH, BOUVIER/OBADIA. Ma recherche personnelle m’a également amenée à m’intéresser aux pratiques orientales, à cette approche particulière de l’énergie.

Je donne des cours depuis cinq ans et j’ai élaboré une méthode de travail qui me semble répondre à une demande de la part des danseurs. Je souffre de voir un danseur sur scène aborder le mouvement d’une façon qui est toujours loin de lui-même, qui est toujours réduite dans une forme, dans l’idée de se présenter plutôt que de faire une expérience dans une énergie ou dans un état d’âme.

Par exemple, si je suis assise, je suis déjà dans un état, dans une énergie; de là, de cet état proche de moi, je cherche à aborder le mouvement, à découvrir comment je peux entrer dans cette fameuse danse dont on peut jamais dire où elle commence et où elle finit. Quand je commence à danser j’ai conscience que je m’éloigne de moi-même, que je prends une identité qui n’est plus proche de moi, qui tout d’un coup me lance dans une idée fausse de moi-même. Ce mouvement m’éloigne de la réalité de ce que je suis en train de faire, du point de vue du poids, du temps, de l’espace, de la perception de ce que j’utilise pour bouger; et cela parce que je m’attache à une forme et non pas à ce qui soutient cette forme. L’important n’est pas la forme mais plutôt la manière dont on la vit, quelles expériences on en fait, et comment, à partir de cette forme, on rentre en contact avec le temps, l’espace, la personne qui est à côté, et surtout avec soi-même.

Avez-vous travaillé dans ce sens avec les étudiants du CNDC L’Esquisse?

Absolument, et c’était très difficile pour eux car ils sont encore en cours de formation et l’enseignement de l’École leur donne des repères que je leur ai demandé d’oublier. Je considère la technique non pas comme le but mais comme le soutien de la recherche. Et puis il faut apprendre à laisser venir les choses, à être à l’écoute de soi et des autres, à être attentifs aux échos créés dans l’espace par un simple geste.

Pouvez-vous nous parler de la pièce qui résulte de ce travail ?

Cette pièce ne raconte pas une histoire. Elle est née de l’alchimie entre les danseurs en présence et c’est pourquoi chaque individu y est en relation très étroite avec les autres. Chacun cherche sa propre individualité tout en composant constamment avec les autres. La pièce ne parle pas du quotidien, des rapports entre hommes et femmes, elle se situe plutôt dans un espace presque métaphysique, entre la matière et la non-matière.

Il s’agit de chercher à mettre en évidence les moteurs qui nous animent, cette énergie impalpable qui génère la vie et qui va au-delà de notre matière.

Et pourquoi ce titre « Du doute et de la certitude »?

Parce que personne n’a de certitude et que seule la foi en quelque chose peut donner une certitude. Chacun cherche à se fabriquer ses petites certitudes mais ce n’est rien si on ne croit pas en quelque chose qui nous pousse au-delà de ce qu’on peut comprendre rationnellement. J’ai la foi de croire dans une réalité qui se fait au-delà de nous, de nos petits propos individuels, parce que les moteurs qui nous animent sont en nous mais nous dépassent aussi très largement.

Et si le danseur perçoit cette réalité, les formes qu’il proposera seront belles, parce que son corps sera alors la maison d’une vie, d’un sentiment, la maison d’un désir.

Chorégraphie
Collection
Année de réalisation
1993
Année de création
1993
Lumières
Carlos Perez
Musique
Antonio Vivaldi, György Ligeti, Alfred Schnittke
Autre collaboration
Régie générale : Christophe Béraud et François Le Maguer
Interprétation
promotion 1991-1993 des étudiants du CNDC : Josep Caballero Garcia Fabrice Garcia Virginie Garcia Delphine Gaud Catherine Letinturier Stéphane Mougène Sofie Pallesen Catherine Pollini Florence Rougier I-Fang Lin Toufïk Oudrhiri Idrissi création lumières Rémi Nicolas création costumes Marie-Cécile Winling
Production de l'œuvre chorégraphique
CNDC Angers
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