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Don Juan
« J’aime l’idée d’un personnage qui à travers les femmes cherche la femme. A moins qu’il ne se cherche lui-même ? La raison voudrait qu’il s’arrête un jour, tombant réellement amoureux. Mais Don Juan n’est pas raisonnable, ne respecte rien ni personne. »
Don Juan, pour qui toute femme est bonne à séduire, est né en Espagne au siècle d’or. Et depuis, au gré des inspirations littéraires qu’il suscite, on le voit proche de la « commedia dell’arte », libre-penseur, coureur de jupons, mélancolique, assoiffé d’absolu, à peine épuisé par cette course tant il fascine. Pour Gluck et Angiolini, il était libertin esquissé par Molière. Nous conservons ces traits tout en lui attribuant de plus récentes expressions. J’aime l’idée d’un personnage qui à travers les femmes cherche la femme. A moins qu’il ne se cherche lui-même ? La raison voudrait qu’il s’arrête un jour, tombant réellement amoureux. Mais Don Juan n’est pas raisonnable, ne respecte rien ni personne, blasphème.
Il m’apparaît comme un mystique qui, à défaut de connaître l’extase dans l’unique et l’immobilité, court sans cesse pour jouir du multiple. C’est un homme d’action, se nourrissant exclusivement du moment passé auprès du corps de l’autre. Car par l’objet du désir, un instant, il connaît la plénitude. La sensualité étant pour lui le moyen de goûter à l’éternité, il est possible que celle-ci ne réside qu’en lui-même ; en tous les cas, il ne s’arrête pas. Il poursuit sa route jusqu’à ce que le Commandeur lui tende la main pour l’inviter au royaume des morts. Là, peut-être que tout s’immobilise dans un repos extatique ?
Thierry Malandain