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Deux-mille-dix-sept

Chorégraphie
Réalisation
Collection
Année de réalisation
2018
Année de création
2017

En 1928, Edward Bernays, le neveu américain de Sigmund Freud, a écrit un livre intitulé Propaganda,  véritable petit guide pratique, qui expose cyniquement et sans détour  les grands principes de manipulation mentale de masse, ce qu’il appelait  « la fabrique du consentement ».

Fervent partisan d’une «gouvernance de l’ombre», sa vie fut consacrée  à l’une des tâches majeures du siècle dernier : celle qui consista à pervertir les démocraties pour faire plier les volontés des masses aux  desseins des élites, en toute non-violence. Comprendre le mécanisme et  les ressorts de la mentalité collective qui guident l’action humaine, en  connaître les mobiles, équivaudrait à en assurer un contrôle   invisible.

Pour « faire du monde une démocratie », il mobilise un grand nombre  d’intellectuels, de journalistes, de penseurs pour la propagation  d’idées qui puissent faire basculer rapidement l’opinion publique en  faveur d’objectifs économiques et politiques précis. Il donne ainsi  naissance à une nouvelle propagande : l’industrie des relations  publiques.
En créant l’adhésion des masses par la distribution massive de  communiqués, les nombreux appels à l’émotion dans des campagnes de  publicité, le recrutement de leaders d’opinion locaux ou la mise sur  pied de groupes de citoyens, il produira des événements dans l’espace  public capables d’influencer et de former des citoyens inconsciemment  soumis aux stratégies de domination et d’asservissement des peuples.

En 2017, l’obsolescence des hommes et des femmes qui ne s’adaptent  pas aux cases de la concurrence et de la rentabilité est programmée  d’avance. Comme pour les produits de consommation, ils sont déclarés  jetables et périmés après leur courte utilisation, subissant toutes  sortes d’humiliation en interne, dès l’instant qu’ils sont jugés inaptes  selon les lois du marché à l’enrichissement illimité des chefs de  l’entreprise qui les a employés. Le monde ancien qui avait la croyance  en un progrès social qui libèrerait l’homme de son exploitation par  d’autres hommes est mort pour laisser place à un monde régi par les  rythmes des flux financiers avec lesquels le politique s’est associé  pour le transformer au profit de quelques-uns par l’assujettissement de  tous.
Au prétexte d’une crise appelée économique mais qui est principalement  une crise de la répartition des richesses, nos vies sont soumises par  des planifications politiques et économiques, difficiles à déchiffrer, à  entrer dans la « danse » en jouissant d’un présent sans passé comme point  d’appui pour conduire nos actions, sans futur à faire advenir. Entre  amnésie et déni, nous fabriquons une fiction à laquelle nous voulons  croire parce qu’elle nous arrange. En témoigne l’esprit fêtard qui de  « happy hours » en Paris Plages, de la Nuit Blanche à la Fête de la  Musique est partout. Elle est le visage grimaçant d’un monde  “dynamique”, “sympa”, “jeune”, “citoyen”, “ouvert”. Mais cette fête pue  la mort. Elle est peur de vieillir, angoisse refoulée, vide existentiel.

« Que cela suive son cours, voilà la catastrophe »

Pour Walter Benjamin, la catastrophe résulte hélas de ce à quoi tout  le monde participe, ne fût-ce que silencieusement ou tacitement. Elle  n’arrive pas par surprise, mais survient plutôt dans l’ordinaire des  arrangements et des accoutumances.  Mais si la catastrophe est bien  désastre, elle contient pourtant en elle une dimension qui pourrait bien  conduire au sauvetage, à condition de bouleverser le cours ordinaire  des choses.

Dans ce contexte de tensions inouïes, nous ne savons plus comment  conduire notre pensée et nos actes, nous nous « débrouillons » tant bien  que mal pour permettre à nos désirs de se réaliser.

Mettre en chantier les sensations confuses qui nous laissent hébétés  devant ce monde qui a insidieusement changé, voilà ce à quoi nous  tenterons de donner forme. Nous tenterons de débusquer joyeusement ces  « passions » qui nous meuvent et qui, de criminel en bon samaritain, nous  révèleront un peu de ce que nous sommes capables pour assurer « la  persistance  de notre être » de la façon la moins barbare possible…

Maguy Marin

Source : Compagnie Maguy Marin

Chorégraphie
Réalisation
Collection
Année de réalisation
2018
Année de création
2017
Lumières
Alexandre Béneteaud
Musique originale
Charlie Aubry
Interprétation
Ulises Alvarez, Laura Frigato, Françoise Leick, Louise Mariotte, Mayalen Otondo, Cathy Polo, Ennio Sammarco, Marcelo Sepulveda, Adolfo Vargas
Production de l'œuvre vidéo
Maison de la Danse – Fabien Plasson
Scénographie
Albin Chavignon (et régie plateau)
Son
Antoine Garry et Loïc Goubet
Production de l'œuvre chorégraphique
COPRODUCTION Centre Culturel André Malraux – Vandoeuvre-lès-Nancy, Théâtre de la Ville / Festival d’Automne – Paris, Opéra de Lille, MC2: Grenoble, Centre Chorégraphique National – Nancy, Manège / Scène Nationale – Reims, Maison de la Danse – Lyon, Centre Chorégraphique National – Grenoble, Théâtre Garonne / Scène européenne -Toulouse, ADAMI. Avec le soutien du Théâtre, Scène nationale de Mâcon.
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