Ce contenu contient des scènes pouvant choquer un public non averti.
Souhaitez-vous tout de même le visionner ?
Cour d'honneur
Jerôme Bel questionne la mémoire du théâtre, en s’appuyant sur les souvenirs, sentiments de spectateurs ayant assisté à des représentations données dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes à Avignon.
Chaque pièce de Jérôme Bel est une réflexion sur le fonctionnement de la représentation théâtrale, sur le dispositif théâtral occidental. C’est là une de ses obsessions, avec la question de la mémoire. Il avait déjà mis en scène la mémoire de la danseuse Véronique Doisneau et celle du danseur Pichet Klunchun, mais il avait depuis longtemps l’envie de faire un spectacle sur la mémoire du théâtre. Et comme, dans son optique, « celui qui fait l’expérience globale de la représentation théâtrale est le spectateur (et pas le technicien de théâtre ou l’interprète, qui eux, […] ne peuvent en avoir qu’une expérience partielle) », ce spectacle devait tout autant devenir un spectacle sur les spectateurs.
Le Festival d’Avignon lui a donné la possibilité de créer son spectacle sur une scène emblématique qui symbolise tous les théâtres : la Cour d’honneur du Palais des papes d’Avignon dont la mémoire peut valoir pour la mémoire de tous les autres théâtres, « pour TOUT le théâtre autant que cela puisse ».
Dans ce spectacle, « il fallait donner la place qui devait revenir au spectateur : la place d’honneur. » Jérôme Bel met en scène de véritables spectateurs, de tous âges, ayant toutes sortes de professions, des spectateurs qu’il a rencontrés suite à la diffusion d’un « avis de recherche » : « En vue de la pièce qu’il prépare pour la Cour d’honneur du Palais des papes en 2013, Jérôme Bel souhaite rencontrer des spectateurs ayant assisté à un ou plusieurs spectacles dans ce lieu depuis la création du Festival. Il les recevra à l’École d’Art, sans rendez-vous, de 15h à 17h, du lundi 11 au vendredi 22 juillet, sauf samedi et dimanche. »
Chacun des spectateurs évoquera donc ses souvenirs de représentations auxquelles il a assisté dans la Cour d’honneur du Palais des papes, lors des précédentes éditions du Festival d’Avignon. Chacun convoque la mémoire de son expérience, bonne ou mauvaise. Cette parole, critique et subversive, car habituellement tue, Jérôme Bel l’a convoquée pour répondre à cette question : au-delà des interrogations abstraites sur l’importance de l’art et de la culture, « qu’est-ce que l’art produit sur les gens dont l’art n’est pas le métier ? Qu’est-ce que le théâtre produit dans la vie des gens qui agissent dans un autre champ professionnel ? Quelles sont les conséquences des spectacles sur les spectateurs, en bien ou en mal ? »
Source : culturebox