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Contemporain - Épreuves de danse 2021 - Variation n°10 - Fin du 2ème cycle, examen d’entrée en cycle d’orientation professionnelle, fille
CONTEMPORAIN
Commentaire pédagogique
Cette variation peut être interprétée également par un garçon.
L’élaboration chorégraphique de cette variation s’est d’abord inspirée de l’intitulé d’une conférence de Julie Perrin sur Trisha Brown au CND de Pantin en 2009 :
« Trisha Brown : la rencontre de la géométrie de l’algue »
Cette citation, laissant libre cours à l’imagination par les images contradictoires qu’elle peut évoquer, a été le point de départ pour aborder les principes du mouvement chez Trisha Brown, ses valeurs créatives pour une fin de 2ème cycle.
Quatre principes caractéristiques de la danse de Trisha Brown, jouant sur une interaction permanente entre espace, poids et enjeux gravitaires ont émergé pour nourrir corporellement cette citation. Ils sont devenus les principes de composition de cette variation :
1/ swing et élan : de la pesanteur à l’état d’apesanteur
– sentir et éprouver le poids réel de différents parties du corps : bras, jambes, tête, buste, bassin et extrémités du corps,
– le swing et l’élan comme moteur du mouvement, relation au poids, à l’effet de la pesanteur qui crée une accélération dans le mouvement. Dans cette relation au swing, il s’agit d’être particulièrement à l’écoute du moment qui suit cette impulsion. Ce prolongement du mouvement où les forces vont s’annuler et créer un état d’apesanteur (par exemple dans le mouvement d’une balançoire, le temps de suspension avant de repartir en avant ou en arrière). Ce moment est lié à une certaine économie d’énergie, détente musculaire et laisser faire.
Se pencher de manière scientifique sur ces notions, notamment à travers les lois gravitaires de Newton, comme celle du pendule de Newton, peut être une aide précieuse pour que le danseur comprenne cette relation au poids et au mouvement de swing. Une démarche plus approfondie pourrait déboucher sur un projet danse et science physique avec le collège en lien avec le programme des élèves de 4ème ou 3ème.
2/ le principe de « release »
Cette notion peut sembler complexe à aborder pour une fin de 2ème cycle, de part la polysémie du terme selon son emploi (release technique), et le fait qu’elle peut remettre en question les représentations et schémas corporels qui se sont construits jusqu’à présent pour le danseur.
– Le terme « release » découlant de l’approche somatique de la méthode FM Alexander est envisagé ici comme une recherche de détente, de liberté articulaire et musculaire. Cette détente se réalise en connexion et diffusion à l’espace, dans une grande conscience des directions opposées : « release the body into space, into directions in opposition »[1]. Il s’agit d’appliquer cette philosophie à tous mouvements statiques ou dynamiques, même ceux demandant force et physicalité. C’est un état de disponibilité corporelle ouvert à l’espace.
Voici, par exemple, comment Shelley Senter donne à expérimenter directement ce principe : serrer fort le poing devant soi, coude vers le bas, poing vers le haut dans une verticalité. Le biceps se contracte, la tension musculaire s’accumule dans le poignet dans lequel il se produit une compression articulaire, la force est concentrée dans le poing. Dans cette situation, la mobilité du poignet est retreinte et limitée.
Garder le poing serré et libérer simplement la compression qui s’accumule dans le poignet, à travers
2 directions le haut et le bas. Dans cette approche du « release », le poing ne chute pas au-dessus de l’avant bas, (ce n’est pas un simple « relâchement ») mais gravite naturellement car se détend à travers deux directions opposées. Sensation d’espace dans le poignet. On peut observer un allongement musculaire « naturel » suite à cette détente. La main reste serrée mais le biceps se détend. Tourner le poing est alors plus fluide et le mouvement plus ample.
Cette expérience peut se transposer à toutes articulations notamment à la relation tête, nuque. Trouver la liberté articulaire et musculaire à l’intérieur de la nuque à travers deux directions opposées, bas et haut pour permettre à la tête de graviter.
3/ le principe de « cause à effet »
Il s’agit d’être à l’écoute des mouvements en succession articulaire, des résonances dans le corps. Une partie du corps va entraîner le restant dans le mouvement. Se produit alors un mouvement en cascade qui peut être initié par un impact, une impulsion, une rupture articulaire. Être en « état de release » amène la disponibilité corporelle nécessaire pour permettre le laisser-faire.
4/ la ligne, la trajectoire : le corps au service de l’espace
– Conscience et précision des directions du corps, du mouvement dans l’espace.
Espace périphérique mais aussi espace intérieur : architecture du corps, segment du corps, relation anatomique au squelette, lignes et angles osseux (humérus, cubitus, radius, fémur, tibia).
La ligne dans le corps apparaît non pas comme une forme figée mais diffusée à l’espace, découlant intérieurement d’un point à un autre (principe de release).
– La trajectoire du mouvement correspond à l’ensemble des positions prises au cours du temps par le corps en déplacement et des mouvements dessinés dans l’espace :
mouvements rectilignes (trajectoire droite), mouvements circulaires (trajectoire en cercle), mouvements curvilignes (trajectoire en demi cercle). Il est important de bien identifier ces différentes trajectoires du mouvement dans la variation.
[1]Senter, Shelley, Impulstanz Vienna Festival.
Livret pédagogique : http://www.culture.gouv.fr/Thematiques/Danse