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CLASSIQUE - Variation n°7 - Épreuves de danse 2025
Fin de cycle diplômant, garçon 2ème option
Variation n° 7
(reprise 2024)
Fin du cycle diplômant (DEC)
Support de l’épreuve d’admission de l’EAT
2ème option
Garçon
J’ai créé cette variation en même temps que je créais la pièce, Gay Guerrilla, avec mon collaborateur Brennan Gerard. Gay Guerrilla, sur la musique de Julius Eastman [1940-1990], a été créée avec des danseurs du Ballet de l’Opéra national de Paris et a été présentée pour la première fois dans le cadre d’une installation pour la Galerie 3 du Centre Pompidou à Paris.
La variation dure un peu moins de trois minutes et exige du danseur un niveau élevé de maîtrise technique – avec des pirouettes, des grands jetés, de la petite batterie et des mouvements liés soutenus – ainsi qu’un sens avancé du phrasé et une capacité à aborder des rythmes musicaux sophistiqués.
Pour moi, c’est la définition même du « contemporary ballet » (en français, on qualifie ce style de néo-classique ou de post-classique), un format dans lequel l’idiome de la danse classique est non seulement accéléré et décentré, mais aussi rendu de plus en plus musical. La danse doit réussir à exprimer sa propre musicalité, qui va de pair avec celle de la partition musicale. Ainsi, on pourrait dire que la danse n’est pas mise en musique, mais qu’elle se joint à la collaboration musicale, l’expression du danseur devenant un instrument parmi d’autres.
Pour y parvenir, il est important que le danseur trouve sa propre musicalité dans les phrases chorégraphiques. Pour moi, il est moins important que la chorégraphie soit exécutée exactement dans la même relation musicale que celle que vous voyez dans la vidéo. Le danseur doit plutôt articuler sa propre relation à la musique, une relation qui devra apparaître comme unique, originale, particulière, singulière, personnelle en somme.
Autre remarque :
Bien que la pièce, tant la musique que la danse, soit clairement poétique et que l’on puisse imaginer de nombreux paysages émotionnels en tant qu’interprète, je suggérerais que le danseur évite de trop s’exprimer. Rendez davantage vos sentiments dans le phrasé, dans la façon dont vous jouez avec les mouvements et la respiration, dans la façon dont la musique de la danse est articulée, plutôt que dans les expressions faciales.
Ryan KELLY
Combattant l’invisibilisation des cultures minoritaires en même temps que les discriminations raciales et sexuelles, Julius Eastman (1940-1990), artiste à l’esprit indépendant et combatif, s’affirmait « noir au maximum, musicien au maximum, homosexuel au maximum ».
Membre éminent de la scène new-yorkaise en tant que compositeur, chef d’orchestre, chanteur, pianiste et chorégraphe, Julius Eastman a également joué au Lincoln Center avec Pierre Boulez et la Philharmonie de New York et a enregistré un album de disco expérimental avec le producteur Arthur Russell.
« Eastman est en quelque sorte une figure culte parmi les compositeurs et les chanteurs », lit-on dans un communiqué de presse de 1980. Pionnier du courant minimaliste, il fait en effet partie des premiers compositeurs à associer des éléments de musique pop à la musique minimaliste.
Il tombe dans l’oubli à sa mort en 1990 après sept années de « martyr volontaire », entre prises de psychotropes et errances dans des foyers pour sans-abri. Un grand nombre de ses partitions disparaissent avec lui. Sa musique est restée en sommeil pendant des décennies jusqu’à ce que Unjust Malaise, un ensemble de trois CD de ses compositions, ne soit publié en 2005 par New World Records. Depuis le début des années 2010, son œuvre est redécouverte et suscite un intérêt croissant, notamment grâce au travail de la compositrice Mary Jane Leach.
Une nouvelle attention est aujourd’hui portée à la musique et à la vie d’Eastman, ponctuée notamment par la découverte de nouveaux enregistrements et manuscrits, la publication du livre Gay Guerrilla par Renée Levine Packer et Mary Jane Leach (traduit en français en 2022, Éditions 1989, Paris), et un intérêt contemporain de la part des artistes, musiciens, chorégraphes, universitaires et journalistes. « La musique effrontée et brillante de Julius Eastman (…) retient l’attention : sauvage, grandiose, délirante, démoniaque, une personnalité incontrôlable surgissant dans le son », écrit Alex Ross pour The New Yorker. L’œuvre de Julius Eastman est aujourd’hui représentée par l’éditeur G. Schirmer.