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Charles Picq, le regard et la transparence
Pour rendre hommage à Charles Picq (1952-2012), auteur, réalisateur, vidéaste de la Maison de la Danse de Lyon et fondateur de numeridanse.tv (vidéothèque internationale de danse en ligne), le Centre national de la danse propose un montage de documents d’archives et de films présentant son parcours artistique et son regard singulier sur la danse.
Directeur du Pôle Image de la Maison de la Danse de Lyon, concepteur du projet numeridanse.tv – auquel est très étroitement associé le Centre national de la danse –, le vidéaste Charles Picq était un formidable réalisateur de films, spectateur inlassable de la création contemporaine et artiste complice de nombreux chorégraphes tels Dominique Bagouet, Claude Brumachon, Carolyn Carlson, Régine Chopinot, Andy de Groat, Michel Kelemenis, Abou Lagraa, Susanne Linke ou Mourad Merzouki. C’est son talent, son regard sur la danse, son souci de la transmission, mais aussi son imaginaire d’artiste et son goût du média vidéo que le CND a choisi de souligner lors de cette soirée en présentant un montage inédit d’archives et d’images de films.
Ce montage évoque le parcours de Charles Picq depuis ses débuts comme photographe jusqu’à son activité de vidéaste de la danse et de créateur de numeridanse.tv, en passant par ses œuvres expérimentales au sein du collectif Frigo. Il mêle aux images de ses réalisations des enregistrements sonores et des textes issus de ses carnets personnels qui permettent de mieux connaître le cheminement de sa pensée et notamment la manière dont il envisageait sa collaboration avec les chorégraphes.
« Je me souviens de la remarque d’une spectatrice à la sortie d’une projection: “Quand je vois un film de danse, je n’ai pas l’impression de voir de la danse, ni de voir du cinéma. Je suis devant un objet totalement particulier.”
Pour ma part, dès les premiers tournages, une évidence m’est apparue : en filmant des spectacles de danse, je filmais une réalité construite, un objet pensé et écrit pour être regardé, un objet élaboré selon des règles parfaitement définies. Je n’étais pas devant une réalité “ouverte” se livrant au regard de la caméra comme dans un reportage. La précision même de la danse renforçait cette impression car, d’une soirée à l’autre, bien que les interprétations puissent être différentes, je pouvais penser que je retrouvais le même objet chorégraphique.
Cette caractéristique très particulière d’une réalité artistique élaborée, complexe, signifiante, questionnait aussi, de fait, le rapport avec la caméra. Filmer me permettait une observation des mécanismes du spectacle et de la danse, et – en documentant le spectacle – je documentais la complexité des langages mis en œuvre, ceux de la chorégraphie, du langage gestuel propre à l’auteur, des arcanes de son univers, de la mise en scène théâtrale de l’œuvre.
Cette question n’est certes pas spécifique à la danse. Elle se pose aussi pour d’autres arts, la peinture par exemple, mais ici, compte tenu de la richesse des écritures développées notamment par la danse contemporaine, elle nous interroge avec une acuité particulière. C’est pourquoi, s’agissant des films de danse dont l’immense majorité s’attachent à donner d’une œuvre chorégraphique théâtrale une forme nouvelle en image, j’ai toujours préféré l’appellation « danse filmée » à toute autre, et ceci quel que soit le degré d’élaboration de l’objet. »
Charles Picq, «La danse filmée», une forme hybride in : Danse/Cinéma, co-éd. Centre national de la danse-Capricci, 2012
Filmographie sélective
– SuzanneLinke, enchaînements, 1991
– Montpellier, le saut de l’ange, 1993
– Mama Africa, 1994
– Planète Bagouet, 1994- Carolyn Carlson, a Woman of Many Faces, 1996
– Grand Ecart – À propos de la danse contemporaine française, 2000
– Rêve de cirque (Un), 2002
et bien sûr tous les spectacles qu’il a filmés, à retrouver sur numeridanse.tv