Ce contenu contient des scènes pouvant choquer un public non averti.
Souhaitez-vous tout de même le visionner ?
CÉDEZ LE PASSAGE - ÉPISODE 1 : Un homme qui dort - Hela Fattoumi et Eric Lamoureux
documentaire dansé, Un homme qui dort - Hela Fattoumi et Eric Lamoureux
La série des documentaires dansés-CEDEZ LE PASSAGE invite des danseurs-chorégraphes à investir et questionner le mobilier urbain anti-SDF. Nous souhaitons proposer une expérimentation sensible entre danse et cinéma pour confronter le corps et la parole des danseurs aux mobiliers «anti-corps», appelés pudiquement aujourd’hui «mobiliers dissuasifs».
Nous associons nos univers, avec comme fil rouge, nos regards respectifs sur la ville et la place de l’exclu pour la réalisation de ces documentaires.
Nawel Oulad & Antonin Sgambato
Les DOCUMENTAIRES DANSÉS cherchent à rendre visibles des tentatives d’appropriation par le corps d’un espace qui semble a priori impossible pour la danse: le mobilier urbain anti-SDF.
Plusieurs danseurs-chorégraphes vont en duo à la rencontre de ces mobiliers urbains dissuasifs. Ils questionnent avec leurs corps et leurs voix ces architectures inhospitalières.
Production : Pleine Image & Cie Nawel Oulad
Réalisateurs : Nawel Oulad & Antonin Sgambato
https://www.antonin-sgambato.com
https://www.pleineimage-loc.com
On aide parfois l’exclu, l’étranger, l’indigent. On le soigne dans des centres d’accueil ou d’hébergement. On l’enferme aussi, à l’intérieur des hôpitaux, des prisons ou des centres de rétention. Tant que l’homme vagabond se dissimule sous les replis de la ville, on laisse faire ; mais on ne le tolère que très peu lorsqu’il se dévoile au grand jour.
La danse propose souvent de faire sortir les corps des cadres et des limites établis. Il nous a semblé essentiel de faire appel à des danseurs-chorégraphes pour créer des mises en évidence filmées de ces mobiliers urbains anti-SDF.
Partant du constat que ces structures de béton et d’acier nous obligent à inventer des gestes en réaction, nous demandons aux chorégraphes de proposer – en spécialistes de l’espace et du temps – une expertise de ces ergonomies de l’inconfort.
Comment faire pour apprivoiser ces surfaces ? Est-il possible que ces zones dissuasives deviennent des lieux subversifs ? Pouvons-nous les sublimer en lieux de rencontre ? Que disent-elles sur notre place et notre rôle dans la société ?
En risquant l’arrêt, l’effleurement, le poids, la suspension, le contact avec la matière, les danseurs déploient leur corps là où ils ne devraient pas. Ces corps dansants se jouent des contraintes que la ville nous impose en termes de rythme et de temps. En affrontant ces urbanités, ils mettent en lumière ces architectures pensées spécifiquement contre le corps. Une bataille de territoire prend place sur quelques mètres carrés entre la raideur du béton et la plasticité des danseurs.
L’intérêt des DOCUMENTAIRES DANSÉS est aussi de filmer les hésitations des danseurs. Pourront-t-ils pleinement se mouvoir et proposer une chorégraphie maîtrisée face aux embûches que lui tendent ces mobiliers anti-SDF ? Leurs corps ne seront-t-ils pas empêchés et entravés dans leurs mouvements ? Comment vont-ils réagir ?
La voix des artistes est essentielle pour comprendre en même temps qu’eux leurs envies, leurs incertitudes, leurs émotions contrariées…
Les danseurs tâtonnent, trébuchent et rebondissent jusqu’à trouver un équilibre. L’acte dansé résiste à la silencieuse obstination de ces architectures érigées contre le bien-être des corps et contre toute forme de rassemblement humain. Ces architectures deviennent, le temps d’une danse, le lieu inattendu d’une scénographie improvisée, un espace un instant embelli par les contorsions et les arabesques des danseurs. Les corps des danseurs-chorégraphes déploient leur créativité et font acte de résistance face à ces sculptures de l’impossible.