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Carte blanche à Zoé Guédard
« Ma carte blanche est un défilé de rue, dans une chambre, en rez de chaussée.
Ce sont des notations de rue pour un défilé de chambre.
Un défilé sans couturier que vous pouvez observer.
Je descends dans la rue pour regarder et noter les gens qui marchent.
Une première fois en août 2018 dans le cadre estival, vacancier.
Une seconde fois en septembre 2018 dans le cadre urbain de la rentrée.
Pendant sept jours, je fais l’inventaire du défilé de la foule.
Je prélève et écris la partition de dix silhouettes chaque jour.
J’ai quelques soixante-dix figures à la fin d’une première semaine d’enquête.
Et cent quarante looks possibles à la fin de ces deux semaines d’observation.
Mes notations de rue sont la partition pour mon défilé de chambre présenté au CN D.
J’utilise l’imprécision de mes notations comme espace d’interprétation et de stylisme.
Ce défilé et les notations sont présentés dans une installation, construite et mise au point entre septembre et novembre 2018.
Ce cadre, décor ou set se situe entre le lieu de l’intimité d’une chambre et celui de l’objectivité d’une vitrine sur rue.
J’y expose la somme de mes annotations et ma collection : une garde-robe du quotidien, des vêtements anonymes, les outils de ma performance.
Ainsi, je présente un défilé de chambre sans saison, sans âge et sans genre.
J’en suis la modèle, une doublure me relaie parfois.
En continu je m’habille, défile puis porte l’allure suivante. Des passages dont je ne suis ni vraiment la styliste ni vraiment la modèle.
Ce corpus est à nouveau noté, c’est-à-dire ici filmé puis diffusé en simultané, nouveau point de vue, nouvelle notation pour mon défilé de chambre. »
Performance proposée dans le cadre de « L’Invitation aux musées », programmation du CN D en 2018.
LE MUSÉE : Musée éphémère de la mode
Récemment activé au sein du Palazzo Pitti à Florence, à partir des collections de la Galerie du costume et de la mode, le Musée éphémère de la mode entend remédier à son niveau à la rareté des institutions dédiées à la création textile. Lancé à l’initiative d’Olivier Saillard, performeur, historien et ancien directeur du Palais Galliera, le projet se distingue par l’inventivité de son accrochage, pensé à rebours des académismes de la muséographie institutionnelle. Sa présentation s’émancipe ainsi à la fois des hiérarchies et des chronologies pour penser une dramaturgie en prise directe avec le lieu qui l’accueille. Costumes et accessoires sont non seulement associés selon des affinités chromatiques ou la proximité des matières, mais aussi et surtout de façon souvent intuitive, sans prétendre à une mise en ordre raisonnée. Servi par une scénographie aussi élégante qu’inattendue, ce musée mobile invite à un parcours d’un tout nouveau genre qui remodèle notre rapport au vêtement et le regard qu’on peut porter sur lui. Le Musée éphémère de la mode installe en effet une temporalité d’exposition en complète rupture avec le rythme effréné des défilés, pour offrir aux pièces l’occasion d’une contemplation patiente, sinon attentionnée. Avec ce projet itinérant, unique en son genre, Olivier Saillard cherche à résoudre de façon originale l’équation entre le caractère fugitif de la mode et la pérennité des collections patrimoniales, à réaliser en quelque sorte la synthèse du fugace et de l’éternel.
Source : programme du CN D