Ce contenu contient des scènes pouvant choquer un public non averti.
Souhaitez-vous tout de même le visionner ?
Bonhomme de vent
Sima Khatami a suivi le processus de travail dont est issue de la pièce « La danseuse malade » de Boris Charmatz et Jeanne Balibar, basée sur les écrits de Tatsumi Hijikata, fondateur, avec Kazuo Ohno, du butô ou danse du « corps obscur ».
Le 24 septembre 2008, au CNDC d’Angers, le chorégraphe et danseur Boris Charmatz crée La Danseuse malade, en collaboration avec la comédienne Jeanne Balibar. De juin 2007 jusqu’à la veille de la générale, Sima Khatami a suivi le processus de travail dont est issue cette pièce basée sur les écrits de Tatsumi Hijikata (1928-1986), fondateur, avec Kazuo Ohno, du butô ou danse du « corps obscur ».
Plus que la pièce elle-même, dont le film ne montre, dans le désordre, que quelques scènes en cours d’élaboration, plus que le processus en tant que tel – dans l’intimité duquel, entre échauffements, discussions, tentatives et répétitions, il nous introduit cependant –, c’est l’univers d’Hijikata, sa pensée, que découvre Bonhomme de vent. Pourtant, en donnant à lire et à entendre ses textes calligraphiés par Ayumi Morita ou portés par les voix de Charmatz et Balibar, en insérant, entre les images du travail, de larges extraits du Nombril et la Bombe A (1960), un court métrage d’Eikô Hosoe réalisé avec la participation d’Hijikata, le film de Sima Khatami s’en tient, fidèlement, à l’intention de Boris Charmatz pour ce projet : « [M]on idée est que nous ne ferons pas du butô à partir de ces textes hallucinants, car ils portent déjà le butô en eux. […] Que la force de ses écrits, qui doivent être comme donnés à lire, nous laisse libres dans le geste même de les porter. »
Source : Myriam Bloedé
Ce sont les traductions des textes de Tatsumi Hijikata, père fondateur du butô – danse contemporaine japonaise née dans les années 1960 – qui sont à l’origine de ce duo réunissant Boris Charmatz et Jeanne Balibar. La Danseuse malade n’est pas créée pour le texte d’Hijikata, ce n’est pas non plus une mise en scène de ces textes, mais plutôt une création en parallèle, qui fait écho à la puissance des textes du japonais, comme Con forts fleuve (1999) travaillait la matière textuelle de John Giorno. La présence de la camionnette sur scène n’est pas non plus sans rappeler les machines de Régi (2005). Cette fois-ci, la machine-véhicule contraint et enferme les corps. Dans l’extrait présenté, la démultiplication des présences d’images et des niveaux d’échelles rappelle un fondement du butô : le rapport au cosmos. Telles des poupées gigognes, le grand cosmos rejoint toujours le petit. L’être vivant se situe entre les deux : à la fois miniature du grand cosmos et géant du petit. Par l’utilisation de la vidéo projetée sur le véhicule, le jeu des images et des échelles devient complexe : l’image vidéo offre une vision synchronisée et agrandie de l’espace intérieur du véhicule lui-même en mouvement rotatif dans l’espace scénique. Après un investissement spectaculaire de l’espace scénique, l’attention se focalise sur l’espace restreint de la cabine de la camionnette, lieu de l’intimité et du micro-événement.
Source : Boris Charmatz
En savoir plus : borischarmatz.org