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Beautiful me
Enregistré au CND le 26 janvier 2008
« Avec Beautiful Me, Gregory Maqoma tente une aventure solo peu ordinaire, réceptacle de gestes et de mots conflictuels pour une identité paradoxale. Co-signé par trois complices- chorégraphes, Vincent Mantsoe d’Afrique du Sud, Faustin Linyekula de la République démocratique du Congo et Akram Khan, expert en kathak, danse traditionnelle indienne, ce spectacle prend d’assaut tous les registres chorégraphiques — de l’Orient ciselé à l’Afrique déhanchée. Accompagné par quatre musiciens (violoniste, violoncelliste, percussionniste, interprète de cithare indienne), cette pièce est le troisième volet d’une trilogie, Beautiful, lancée en octobre 2005 au CND.
Quelle est la spécificité de ce solo ?
Gregory Maqoma : Beautiful Me s’interroge sur la notion d’humanité, de “leadership” et du combat pour le pouvoir en Afrique et au-delà. Le solo se concentre aussi sur les relations que j’ai développées avec les trois co-créateurs de la pièce. Les racines en sont autant africaines qu’indiennes*. Elles résident également dans les croyances de chacun.
Quelle a été la participation de chacun ?
G. M. : Au départ, j’avais demandé aux chorégraphes de me donner deux minutes de leur matériel, qu’il s’agisse de texte ou de mouvement. Mais ce projet s’est révélé insuffisant car l’idée maîtresse était de comprendre en profondeur leurs façons de travailler, leurs choix, leurs engagements et d’intégrer leurs principes esthétiques.
Quelles sont les relations qui existent entre vous quatre ?
G. M. : Elles sont profondes et vont bien au-delà d’un travail artistique. J’ai grandi avec Vincent Mantsoe dans le township de Soweto. Nous avons commencé à danser ensemble dans les années 80. Tous les deux, étions très influencés par Michael Jackson. Nous avons suivi le même apprentissage mais pris des directions différentes sans perdre le contact.
J’ai rencontré Faustin Linyekula lors d’une tournée avec Mantsoe en Afrique en 1996. Nous avons eu immédiatement envie de collaborer. De notre travail est né Tales off the mud wall en 2000 à Vienne.
Quant à Akram Khan, nous nous sommes croisés pour la première fois à Londres. Dès que nous nous retrouvions quelque part, nous conversions sur le mouvement. J’ai également vu ses travaux et j’ai pu participer à son projet autour de Steve Reich.
Tous trois sont des artistes de ma génération et nous avons développé une relation intense dont ce solo rend compte.
Quelle est la partie de ce solo qui est la plus proche de vous ?
G. M. : Au début de la pièce, c’est le moment où je parle avec mon père. J’évoque alors mon désir de voler et la beauté de l’oiseau qui vit en moi. À la toute fin, je me souviens de mon enfance et du défi que cela représentait de prononcer mon prénom, un prénom colonial. Je pense également à la séquence au cours de laquelle je discute avec des leaders africains vivants ou morts. Elle met en jeu nos relations de danseurs et de chorégraphes avec les super-puissances occidentales. »
(NB : La communauté indienne est très importante en Afrique du Sud).
Propos recueillis par Rosita Boisseau Lettre de Kinem # 10, janvier-juillet 2008
Dernière mise à jour : septembre 2013