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Barbe-Neige et les Sept Petits Cochons au bois dormant
Revisitant les classiques des contes de fées, Laura Scozzi explose des codes du genre, on trouvera donc une abeille tuant un ours, une fée handicapée de la baguette ou encore un nain harcelé par sept Blanche-Neige.
Les êtres humains, maîtres du monde ? Laura Scozzi a comme un doute : et si les animaux avaient leur mot à dire ? Alors, elle refait l’histoire. Elle se pose aussi des questions : que se passerait-il si la Belle au bois dormant ne se réveillait pas, si Cendrillon ne retrouvait pas sa pantoufle, si Blanche-neige était noire ? Alors, elle imagine… Et puis, elle met les pieds dans un plat qui nuit gravement à la santé des filles : l’amour toujours, les princesses blondes aux yeux bleus dont la vie se résume à attendre le prince charmant ? Bobards et compagnie ! Alors, elle invente un plan B et c’est un autre monde… On y croise une abeille qui tue un ours, une fée handicapée de la baguette ou un nain harcelé par sept Blanche-Neige nymphomanes… Coachés par la chorégraphe italienne, aiguillonnés par les trilles du grand Paganini, nos gentils petits héros se livrent à un jeu de massacre dont les contes de notre enfance sortent groggys. Une fable subversive et jubilatoire, à la croisée de la danse, du mime et du théâtre, servie par huit danseurs hip hop.
Note d’intention
« J’ai voulu assassiner le modèle « imposé » de rencontre amoureuse, le culte de la beauté, le bien moralisateur qui propose des exemples de vertus catholiques désuètes et, surtout, le mythe du prince charmant souverain des contes de fées occidentaux destinés aux petites filles. J’ai voulu poser un regard critique sur les rêves enfantins influencés par des histoires d’amour qui finissent bien, des chevaux blancs, de beaux princes forts et musclés et de sublimes princesses minces, fragiles et de préférence blondes aux yeux bleus. Tant d’influences qui ont conduit, à mon sens, des générations de femmes, tout d’abord à l’identification, ensuite à l’inexorable et interminable attente d’un jour qui ne viendra pas, puis à la confrontation de l’irréalisabilité du rêve et enfin, à la difficulté d’acceptation du compromis face au quotidien de la vie. Difficulté qui, depuis des décennies, nourrit psychanalystes et fabricants d’anxiolytiques et/ ou de neuroleptiques. J’ai voulu prendre le contre-pied de l’histoire d’amour parfaite et raconter des princes et des princesses inaptes au bonheur, emportés par les facteurs extérieurs imprévisibles et incontrôlables de la vie. Ce qui en fait forcément des victimes de contretemps, de sauts d’humeur, d’envies d’actes malveillants, de pensées paillardes, d’impatiences et d’impuissances. J’ai voulu subvertir les mythes. Disséquer les personnages. Déformer les actions clé. Massacrer l’imagerie de la culture de masse waltdisneyenne. Chaperon Rouge, Cendrillon, Fée Clochette, Blanche Neige… tous ces V.I.P. du conte populaire ont été un jour engloutis par le monde médiatique qui les a transformés en objets mercantiles. Icônes de la société de consommation, otages de leur propre effigie, comment pouvaient-ils s’émanciper des représentations qui leur ont été affectées ? Comment exister autrement, affublés d’un costume si identifiable ? J’ai voulu titiller d’autres possibles. D’autres routes navigables. Il fallait manipuler les codes, subvertir les références, malaxer les clichés. Il fallait entreprendre, à la manière des ethnologues, une observation minutieuse des stéréotypes de représentation, pour mener ensuite une entreprise de déconstruction. À force d’accumulations, de répétitions, ou d’inversions, les personnages allaient perdre la maîtrise de leurs destinées et leurs actions échapper à l’imagerie de masse. Ainsi libérés du joug des clichés qu’ils incarnaient couramment, les personnages de conte populaire pouvaient maintenant virevolter librement en d’autres lieux et s’emparer du plateau pour nous inviter à consommer l’histoire « consommée » de notre culture « fabuleuse »… »
Laura Scozzi
Générique
Conception et mise en scène : Laura ScozziChorégraphie : Laura Scozzi – avec la participation des danseursAvec : Dorel Brouzeng Lacoustille, John Degois, François Lamargot, Céline Lefèvre, Sandrine Monar, Karla Pollux, Mélanie Sulmona, Jean-Charles ZamboCollaboration artistique : Olivier SferlazzaMusique : Niccolò PaganiniLumières : Ludovic BouaudCostumes : Olivier BériotAssisté de : Jérémie Hasael Massieux, Gwenaëlle Le Dantec, Sonia de Sousa, Louise WatsScénographie : Natacha Le Guen de KerneizonRégie lumières : Jean-Raphaël SchmittRégie plateau : Sonia VirlyRépétitrice : Corinne BarbaraTour manager : Mathieu MorelleCommande et production : Théâtre de Suresnes Jean Vilar Coproduction : Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Theater im Pfalzbau – Ludwigshafen
Réalisation vidéo : Fabien PlassonProduction : Maison de la Danse – 2014