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Badke
Badke est une inversion de dabke, la danse populaire palestinienne. Le spectacle s’inspire précisément de cet aspect : la dabke-du-peuple conviviale, festive. Les dix performers confrontent cette tradition à la culture de la danse populaire mondiale.
Tout commence dans le noir avec le son des voix, des corps qui se déplacent, des pieds qui frappent le sol. Premiers balbutiements d’une danse qui, bientôt, va surgir en pleine lumière et nous entraîner dans un tourbillon de musique, de couleurs et de plaisir.
Cette danse trouve ses racines dans la tradition du Moyen-Orient. Badke est en effet une inversion du mot Dabke, nom d’une danse folklorique pratiquée notamment dans les mariages et fêtes populaires au Liban, en Syrie, en Palestine… C’est aussi une danse pratiquée, de manière plus codifiée, par des groupes professionnels qui l’ont fait connaître dans le monde. Dans Badke, on met surtout en évidence le côté collectif de ce mode d’expression tout en le croisant avec des influences venues des quatre coins du monde. Capoeira, danse contemporaine, hip-hop, acrobaties circassiennes se glissent dans l’ensemble avec une fluidité parfaite.
C’est que le spectacle a été longuement travaillé dans le cadre d’une collaboration entre les Ballets C de la B, le KVS et l’A.M. Qattan Foundation à Ramallah. Depuis 2006, les trois organisations travaillent en commun pour former de jeunes danseurs et comédiens palestiniens, organiser des workshops et mettre sur pied des productions dans le domaine des arts de la scène. C’est dans ce cadre que la dramaturge Hildegard De Vuyst et les danseurs et chorégraphes Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero avait déjà monté en 2009 In the Park, fruit d’un workshop de trois semaines avec dix jeunes palestiniens.
Cette fois, le travail s’est étendu sur de plus longues périodes, tout d’abord en Palestine puis à Bruxelles avant une dernière série de répétitions et la création à Zurich. Ce travail sur la durée permet aux dix interprètes de livrer un spectacle compact, cohérent, débordant d’énergie mais truffé de petites touches singulières.
La première force de Badke tient évidemment à ses vastes mouvements de groupe, pleins de vie, de joie, de fougue. Dans la salle, la musique irrésistible de Naser Al-Faris, montée en boucle par Sam Serruys, fait tanguer les spectateurs. Les pieds battent le sol des gradins et nombreux sont ceux qui rejoindraient avec plaisir la sarabande des neuf performeurs.
Mais au-delà de cet effet collectif galvanisant, Badke est parsemé de séquences plus intimistes, en solo, en duo, en trio. Le regard ne cesse de sauter d’un côté à l’autre de la scène pour tenter de tout suivre. On surprend alors des moments inattendus de tendresse, de plaisir mais aussi de douleur, d’affrontement, de solitude.
Source : mad.lesoir.be, Jean-Marie Wynants