Ce contenu contient des scènes pouvant choquer un public non averti.
Souhaitez-vous tout de même le visionner ?
Back up
Enregistré au CND le 23 novembre 2004
« Back up » dans son plus simple appareil.
« To back up » : littéralement, retourner en arrière, remonter le temps, mais aussi sauvegarder, en jargon informatique. C’est sous cette double injonction que se clôt Bribes, la trilogie consacrée par Haïm Adri au travail de la mémoire.
Dernier volet de ce triptyque, « Back up » questionne l’entrelacement problématique de l’individuel et du collectif dans la mémoire des Israéliens et des Palestiniens, irrémédiablement façonnée par l’histoire du conflit territorial.
« Back up » sonde l’immense difficulté, en Israël comme en Palestine, à se construire une parole, une mémoire singulière, dans un contexte politique où les enjeux collectifs – « l’inconscient communautaire », dit Haïm Adri – tendent à dévorer les trajectoires personnelles.
« Back up » se décline en deux versions : l’une filmique, l’autre chorégraphique. Pour le film, achevé en 2004, Haïm Adri a pris le temps de laisser sourdre les souvenirs de quatre Israéliens et palestiniens (trois femmes et un homme), au fil de longs entretiens. Accompagnant leurs témoignages, des images et des mouvements ont jailli, que le film travaille et transpose.
Chacune des quatre sections du film devient alors le moment d’une naissance à soi-même, en même temps qu’un surgissement poétique.
« Back up », la chorégraphie, part de ce matériau. Ses quatre interprètes (trois hommes et une femme) ont laissé résonner en eux les souvenirs, les voix, les gestes des personnes filmées. Ils les mêlent à leur propre histoire pour, à leur tour, distiller et transmettre un vécu.
Achevée au terme d’une résidence de création au CND, la version chorégraphique laisse douloureusement insister la question de l’espace, du partage du territoire. Circuler, aller vers l’autre, se rencontrer… Voilà qui n’est pas si simple ni fluide. Chacun des danseurs est enfermé dans sa solitude, à la fois protectrice et destructrice, chacun se débat avec sa souffrance et sa rage.
Intense sans gradiloquence, « Back up » témoigne de la peur, mais aussi du désir et de l’urgence, pour les artistes Israéliens et palestiniens, de travailler main dans la main. Il s’agit d’inventer un horizon commun, un lieu de partage des sensibilités, humain avant d’être politique.
En Israël et Palestine, un tel propos fait d’emblée de « Back up » une pièce subversive. Elle sera accueillie là-bas à partir d’avril 2005, mais hors des circuits officiels. C’est pourquoi Haïm Adri a choisi de minimiser les exigences scénographiques et techniques de « Back up ».
Léger, modulable, le spectacle s’adaptera à toutes sortes de lieux informels : cafés, salle d’expositions, espaces en plein air… À cette « petite forme » de « Back up », inaugurée au CND, devait succéder en 2005 une version grand format, destinée aux théâtres et festivals européens.
Annie Suquet
Plus d’informations
Ressource électronique de la médiathèque du Centre national de la danse
http://mediatheque.cnd.fr/spip.php?page=mediatheque-numerique-ressource&id=PHO00003968
Dernière mise à jour : mars 2010