Numeridanse is available in English.
Would you like to switch language?
Attention, contenu sensible.
Ce contenu contient des scènes pouvant choquer un public non averti.
Souhaitez-vous tout de même le visionner ?

Babel (words)

Réalisation
Collection
Année de réalisation
2011
Année de création
2010

Babel (words) prend pour point de départ l’instant précis du récit de la Tour de Babel où Dieu punit ceux qui ont élevé une tour en son nom, entraînant le chaos en les divisant selon des langues, des cultures et des pays différents.
Concrètement : le premier jour de répétition, c’est un microcosme de dix-huit artistes venant de treize pays, parlant quinze langues, représentant sept religions et issus de divers milieux de performance, qui a rejoint les chorégraphes Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet, ainsi que le plasticien Antony Gormley, pour entreprendre un nouveau voyage. Et c’est dans ce maelström tourbillonnant d’identités, de nationalités et de cultures qu’ils ont trouvé leur inspiration. Là où le langage est à la fois verbe et mouvement, là où il unit et divise, où il rend la communication à la fois possible et impossible, et où il est chargé de sens tout en étant profondément insignifiant.

Au cours de la réflexion et de la réalisation a ainsi émergé une ville de diversité, un réseau de possibilités, où les gigantesques cadres en trois dimensions d’Antony Gormley sont dressés, renversés et transformés, comme s’ils n’étaient faits de rien d’autre que de nos pensées. L’espace est disséqué et on se l’approprie, créant des territoires, des axes et des frontières qui évoquent les divisions géopolitiques, souvent aléatoires mais parfois meurtrières, d’un pays, ainsi que les barrières et les limites que nous nous imposons et que nous imposons à autrui. Mais, bien sûr, tout en offrant refuge et apaisement dans un paysage où règnent le chaos et la complexité, les structures favorisent des moments tendres, secrets et intimes sans lesquels aucun de nous ne pourrait survivre. Cette ville n’est pas sans rappeler le paysage où s’aventure le philosophe français Michel de Certeau dans son ouvrage «L’Invention du quotidien», dans lequel des vagabonds marchent à l’aveuglette, en prenant des décisions à la milliseconde, sans savoir ce qu’ils font, ni pourquoi ils le font, ni ce que cela signifie, ou encore où cela les mènera.
Les gens adoptent par hasard leurs choix de conviction, de communauté et d’identité qui, tout en apportant un soutien, ferment des portes, dressent des barrières et posent des limites. Et bien sûr, ils construisent des tours d’ivoire, non seulement pour afficher leur position et leur prospérité, mais aussi pour poursuivre leur quête d’une certaine forme de savoir et d’instruction plus élevés. Observer en vue aérienne et à distance ces motifs silencieux, tout en bas, génère une sensation de confort, de contrôle et d’ordre, car, comme le disait un vieux panneau au sommet du World Trade Center : « It’s hard to be down when you’re up » !

Le voyage de Sidi Larbi Cherkaoui et de Damien Jalet a en effet été amorcé par leur profonde « foi en la conviction qu’il existe quelque chose d’important » et leur quête commune de ce que pourrait être ce quelque chose. En cours de réalisation, le spectacle a révélé à ses créateurs que leur travail renversait la Tour de Babel : l’important n’était pas la multiplicité extérieure de nos différences (régionales, spirituelles, linguistiques, physiques…), mais le lien sous-jacent qui nous unit plus qu’il nous divise, à savoir les responsabilités que nous partageons tous. Ainsi, de même que la pièce évolue vers une sorte d’oméga, nous observons une dilution des barrières artificielles, des structures, des définitions et des technologies que nous cherchons à imposer à nos mondes géographiques, virtuels, politiques ou spirituels. Il nous reste quelque chose de plus primitif, transcendant et unifié. Il nous reste nous autres. Complètement et littéralement enchaînés les uns aux autres par nos neurones, et séparés uniquement par notre peau, ainsi que l’énoncent les mots du neurologue Vilayanur S. Ramachandran au cours de la performance.

Source : Programme de salle Maison de la Danse

En savoir plus : www.east-man.be

Réalisation
Collection
Année de réalisation
2011
Année de création
2010
Conseil artistique / Dramaturgie
Lou Cope
Assistance à la chorégraphie
Nienke Reehorst
Durée
105′
Lumières
Adam Carrée
Musique live
Patrizia Bovi, Mahabub Khan, Sattar Khan, Gabriele Miracle, Kazunari Abe (Kodo)
Autre collaboration
Antony Gormley (concept visuel et design)
Interprétation
Navala Chaudhari, Francis Ducharme, Darryl e. Woods, Jon Filip Fahlstrom, Damien Fournier, Ben Fury, Vala Runarsdottir, Christine Leboutte, Ulrika Kinn Svensson, Kazutomi Kozuki, Sandra Delgadillo Porcel, James O’Hara, Helder Seabra
Production de l'œuvre vidéo
Maison de la danse 2011
Mise en scène
Sidi Larbi Cherkaoui & Damien Jalet
Production de l'œuvre chorégraphique
Production Eastman vzw et Théâtre Royal de la Monnaie/De Munt (Bruxelles) coproduction : Fondation d’entreprise Hermès, Etablissement Public du Parc et de la Grande Halle de la Villette (Paris), Sadler’s Wells (Londres), Festival Boulevard (Den Bosch Pays- Bas), Festspielhaus (St. Pölten), Grand Théâtre de Luxembourg, International Dance festival Switzerland – Migros Culture Percentage, Fondazione Musica per Roma (Rome) et Ludwigsburger Schlossfestspiele (Allemagne) Babel (words) est une commande de DASH ARTS (Grande Bretagne) pour la Dash Arabic Series, dans le cadre de la Saison des arts arabes en 2010 avec le soutien du Garrick Charitable Trust Eastman est une compagnie en résidence à Het Toneelhuis à Anvers.
Ajouter à la playlist