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Atché
Extrait
Atché signifie « bénédiction des dieux » en langue Ewé. Interprétée par trois danseurs, trois échassiers et deux musiciens, la pièce met en scène dans une sorte de symphonie des dieux les tempéraments, attributs et interactions de quatre divinités du panthéon Vodoun : Dan, le dieu serpent, Sakpata, dieu de la terre, Hébiosso, dieu du tonnerre et Aguélé, esprit des échassiers qui, en réponse aux invocations des Hommes, leur délivrent messages et bénédictions.
Féru de danses traditionnelles Vodoun, Jean-Pierre Etsé Atchrimi a cherché dans cette pièce à mettre en scène la dimension artistique des rituels propres aux différents cultes Vodoun tout en conservant, lui-même étant initié, une dimension cérémonielle et spirituelle. Sur scène, tout près des tambours, se tient un fétiche auquel les danseurs adressent incantations, manière de demander l’autorisation d’utiliser, en dehors des lieux consacrés, le matériel gestuel du culte. Le premier tableau évoque le désir et la tentative d’une jeune femme de devenir échassière, malgré l’interdit dont elle est frappée. En effet, la pratique des échasses, et la danse Tchébé qui lui est associée, est, chez les Ifé, peuple implanté à Atakpamé, au Togo, et initiateur de cet art, strictement réservée aux hommes. La légende raconte que lors d’une battue en brousse, un chasseur, Itché, observa des fées dotées d’une seule jambe et d’un seul bras, sauter et danser sur un long bâton de bois. Effrayées par un coup de feu, les fées s’enfuirent, abandonnant leur matériel, lequel fut ramené au chef spirituel du village qui leur attribua une valeur mystique. Il fut décidé de reproduire ces bâtons devenues échasses, que les femmes n’ont, encore de nos jours, le droit de pratiquer ni même d’approcher. Le second tableau, associé à la couleur blanche, évoque Mami Wata, déesse de la mer, dont les traits sont aussi ceux d’une sirène mi-femme, mi poisson. Les deux tableaux suivants sont dédiés à Sakpata, divinité de la terre (couleur bleu et noire) et à Hévioso, dieu du tonnerre (couleur rouge). L’énergie qui monte au fur et à mesure des tableaux explose lorsque les danseurs, symbolisant les adeptes, chevauchés par le dieu, tombent en transe.
Création le 7 septembre 2023, Institut Français du Togo, Lomé.
Captation réalisée le 2 décembre 2023, Palais de Lomé, dans le cadre du Festival Instant Togo. Ce « festival pas comme les autres » dont la première édition a eu lieu en décembre 2023 a pour vocation d’accompagner la diffusion des arts de la scène en Afrique en favorisant une mutualisation des lieux de diffusion et en encourageant la diversité des publics. Du 1° au 16 décembre 2023, les spectacles ont ainsi été programmés à plusieurs reprises, dans différents lieux : centre culturel, musée, esplanade, marchés, places publiques… aussi bien dans la capitale Togolaise, Lomé que dans sa proche et lointaine périphérie : Tsévié, Agbodrafo, Aneho.
Source : Interview de Jean-Pierre Etsé Atchrimi, par Anne Décoret-Ahiha, le 7 décembre 2023, à Lomé.