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1 zeste 2
Enregistré au CND le 30 novembre 2005
« Faire un beau spectacle », c’est l’objectif que Bruno Sajous et Frédéric Werlé se sont donné. Un spectacle avec de la vidéo, des costumes, du décor, des accessoires, des lumières colorées et des paillettes. Avec de la danse, du chant, des images et des mots. Et surtout avec deux personnages qui se rencontrent, s’épaulent et se complètent.
Bruno Sajous possède un formidable sens du mouvement ; il représente parfaitement le danseur contemporain centré sur l’art du « motion » – terme cher à Alwin Nikolaïs (avec lequel Bruno Sajous a travaillé) qui renvoie à la qualité du geste.
Frédéric Werlé « aime les délires », l’humour et Don Quichotte, son engagement scénique est fait de ruptures entre se livrer aux spectateurs et les mettre à distance.
« Dans 1 zeste 2, chacun s’appuie sur un univers pour en créer un troisième, chacun s’ouvre à de nouveaux comportements tout en préservant son autonomie » expliquent les chorégraphes.
Sous prétexte de raconter l’histoire d’un danseur qui cherche son propre langage, les deux compères s’engagent dans un processus de ping-pong, ils se cherchent, se stimulent, se défient et parfois se jaugent.
Leur complicité dans le travail et sur scène naît de leur confiance en ce qui les distingue. La compétition devient alors un rouage théâtral dont ils se moquent.
Bruno Sajous et Frédéric Werlé s’appliquent à proposer « leur » beau spectacle en s’adonnant au bricolage, en faisant dérailler les images, en laissant basculer leur propre rapport à la représentation. Ils se réfèrent au champ chorégraphique sous forme de pied de nez, de clin d’œil et de croc-en-jambe. Ils passent d’une démonstration de danse exemplaire à une variation saugrenue sur les animaux, d’un duel farfelu à un interlude pédagogique simultanément cocasse et technique.
Faisant succéder de multiples saynètes, osant les gags, 1 zeste 2 oscille entre l’affirmation et le doute, entre l’observation et la spontanéité, entre le naturel et l’artificiel. Se risquant sur tous les tableaux avec leur sincérité, les deux chorégraphes troublent leur propre vision du spectacle chorégraphique en l’émaillant de semi-échecs, de retournements, d’images surréalistes et de voyages inachevés.
Ils investissent sur le plateau la qualité de rapports créée par le travail d’élaboration et de répétitions et l’irriguent d’une tendresse non dénuée de pudeur.
Cette expérience chorégraphique, qu’ils veulent « tout simplement humaine », s’éloigne à dessein d’un questionnement esthétique sur la dimension spectaculaire. Elle offre les deux danseurs à la vulnérabilité d’un présent en train de se jouer. Elle donne à voir la mise en spectacle du désir de spectacle.
Geisha Fontaine
Ressource électronique de la médiathèque du Centre national de la danse
http://mediatheque.cnd.fr/spip.php?page=mediatheque-numerique-ressource&id=PHO00003966
Dernière mise à jour : mars 2010