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Michel Schweizer n’est pas diplômé en biologie moléculaire. Ne cherche pas à  «susurrer la danse à l’oreille». Ne l’a jamais étudiée à Berlin, Paris ou New York. Ne l’a pas pour autant découverte à l’âge de quatre ans.  N’a toujours pas engagé de plan d’épargne logement. Ne refuse pas la  rencontre. N’a pas eu la chance de d’apprécier l’évidence de « la  première fois ». Ne saurait envisager son activité sans une profonde  méfiance. Ne pourrait trouver d’autre mot pour définir ce qu’elle lui  occasionne : du luxe. N’a toujours pas eu l’occasion de sourire de son  prochain investissement : un costume Hugo Boss. Ni celle de réagir à sa  paradoxale acclimatation au dehors. N’a toujours pas relu tout Deleuze.  N’a pas la prétention de dire qu’il se trouve prétentieux. Ne travaille  pas à «faire vibrer son sacrum». Ne suppose pas la production sans  ce(ux) qui la génère(nt) et l’autorise(nt). N’a pas lu La vie sexuelle  de Catherine M.. Ne feuillette que très rarement les Echos ou la tribune  pour les pages publicitaires ou offres d’emploi. Regrette de ne pas  avoir pu faire des études d’architecture, d’éthologie, de sciences du  langage ou de design. Profite de l’enchantement que lui procure son  appartenance à la « classe créative » de ce pays.

A abandonné tout hédonisme et égocentrisme ludique et accepté l’exubérance déclinante de ses capacités cérébrales. Absorbe chaque matin 4 grammes de Selenium ACE Progress 50 parce que l’âge n’est pas  une fatalité. Evite de penser que 7000 litres de sang circulent  quotidiennement dans son cœur. Evite aussi de penser que son « profil »  se dessine désormais en algorithmes. N’a pas entrepris d’audit pour  évaluer sa réputation numérique. Eprouve un certain appétit à  expérimenter les « choses » dont il se sent incapable…

Il convoque et organise des communautés provisoires. S’applique à en  mesurer les degrés d’épuisement. Ordonne une partition au plus près du  réel. Se joue des limites et enjeux relationnels qu’entretiennent l’art,  le politique et l’économie. Porte un regard caustique sur la  marchandisation de l’individu et du langage. Se pose surtout en  organisateur. Provoque la rencontre. Nous invite à partager une  expérience dont le bénéfice dépendrait de notre capacité à accueillir  l’autre, à lui accorder une place. Cela présupposant ceci : être capable  de cultiver la perte plutôt que l’avoir…

Source : La Coma

En savoir plus : La Coma

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