Anne-Marie Reynaud
Née en 1945, Anne-Marie Reynaud – familière depuis l’âge de 7 ans de la méthode Irène Popard qui lui est conseillée par son médecin de famille – multiplie dans sa jeunesse les expériences : danseuse à 25 ans, engagée dans diverses initiatives mêlant les disciplines artistiques, à Saint-Étienne et à Paris dans le mouvement d’agitation intellectuelle et politique qui marque les années 60, puis découvrant la technique Nikolaïs qui est pour elle une vraie révélation, et rejoignant enfin en 1973 « Les Ballets de la Cité » de Catherine Atlani.
Fin 1974, elle intègre le Groupe de recherche théâtrale de l’Opéra de Paris (G.R.T.O.P.) créé par Rolf Liebermann pour Carolyn Carlson et John Davis, et participe aux mémorables « L’Or des fous, Les Fous d’or » présentés au Théâtre de la Ville à Paris, ou « X Land » au Palais des Papes d’Avignon (1975).
Au sein du G.R.T.O.P., l’envie vient à Anne-Marie Reynaud et Odile Azagury d’une danse « moins onirique », plus réaliste et plus engagée. De là va naître l’aventure collective du « Four Solaire ». Jusqu’en 1984, Anne-Marie Reynaud va être l’animatrice inlassable de ce groupe d’artistes, en phase avec son époque. À ce moment-là, la chorégraphe est nommée directrice du Centre chorégraphique régional de Bourgogne à Nevers, où elle présente la dernière création du collectif : « Trompe cœur » .
Si le nom « Four Solaire » reste adjoint au label Centre chorégraphique régional jusqu’à sa transformation en Centre chorégraphique national (1989), c’est bien une autre période qui s’ouvre alors pour Anne-Marie Reynaud. Le « collectif » cède du terrain au chorégraphe individuel, auteur autant que coordinateur, comme c’est le cas aussi dans bien d’autres compagnies dans une époque où la politique publique de la danse tend à favoriser l’inscription territoriale de jeunes personnalités singulières, emblématiques de la « nouvelle danse », en leur offrant des lieux de création et de diffusion nouveaux.
A Nevers, jusqu’en 1994, A.-M. Reynaud va produire maintes pièces chorégraphiques – dont « Drama », « Double tour » ou « Bal de masques » – en s’associant très souvent avec des artistes d’autres disciplines, musiciens, plasticiens, acteurs, etc.
Parallèlement à des aventures solitaires ou des pas de côté moins connus, comme sa collaboration avec Bernard Lavilliers (1987), sa mise en scène de la cérémonie de clôture des 8e Jeux du Pacifique à Nouméa (1987), ou celle des 2e Jeux de la Francophonie à Evry (1994), ou encore, la même année, sa participation aux 4e Nuits fantastiques du Loto, la chorégraphe développe de nombreux projets avec des amateurs auxquels elle tient particulièrement. A partir de 1995, elle dirige le festival « Iles de Danses » au sein de l’organisme « Ile de France Opéra et Ballet », avant d’être nommée à la tête de l’Institut de pédagogie et de recherche chorégraphique (qui deviendra le département Pédagogie et Formation) du Centre national de la Danse en 1998.
Toujours prête à danser, elle chorégraphie aussi à l’occasion, comme pour le danseur Pedro Pauwels, un des solos de « Cygn etc. » (2000), ou « Pliages » (2005). Elle décède le 26 mai 2009.
Laurent Sebillotte – CN D Centre national de la danse