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Nous ne sommes que la résonance du terreau où nous avons grandi. Les paroles de Michel Bernard sur l’image que l’on peut se faire du corps sont fondamentales : « L’expérience personnelle du lecteur, qu’il croit être sa chose propre, sa citadelle inexpugnable, est investie et façonnée dès son origine par la société dans laquelle il vit. »[1]

Née d’une mère française, artiste et d’un père camerounais, pianiste jazz, Marianne ISSON a eu une enfance inscrite au cœur de la matière, de la peinture et de la musique.

J’ai commencé à prendre des cours de danse à l’âge de trois ans avec Brigitte Morel, et je suis rentrée dans sa compagnie à l’âge de sept ans. Chorégraphe contemporaine, elle utilisait l’improvisation comme matériau de base. Au sein de la compagnie, chaque mise en situation était un événement humain fait d’éléments pris et vécus sur l’instant.

Un jour, Brigitte Morel m’a dit : « Marianne, il faut que tu partes travailler la technique. » Je suis partie travailler ce qu’elle appelait la technique au conservatoire. Des années plus tard, j’ai compris que ce qu’elle m’avait transmis était une véritable technique qui nous relie au monde et nous construit chaque jour, celle de la sensation, de l’organique, de la conscience et de l’engagement dans l’espace, de la durée du mouvement, du souffle qui fait naître ce même mouvement.

Après des études de danse classique au Conservatoire de Pierrefitte avec Madame Tavarés, passionnée notamment par les comédies musicales et la musique de Louis Armstrong, j’ai poursuivi ma formation d’interprète à Paris auprès de plusieurs chorégraphes au Théâtre Contemporain de la Danse (TCD) ainsi qu’à l’école Joseph Russillo. C’est dans cette école que j’ai découvert le travail de Raza Hammadi. Dans ses cours, se questionnaient les coordinations, les nuances de tonicité, les jaillissements du geste intime.

Parallèlement, je courais d’un cours de danse jazz à l’autre aux Studios Paris-Centre, où j’avais la chance de suivre l’enseignement de Reney Deshauteurs.

En 1985, j’étais engagée dans la compagnie Rick Odums «  Dance Explosion » pour la création 1999 puis dans la compagnie de Moïse Jacque Rippon.

Il me manquait un espace de réflexion. Je me suis alors inscrite à l’université de Paris VIII et c’est avec Michel Bernard que j’ai eu accès à l’univers de multiples chorégraphes et à la pensée de la danse contemporaine. J’ai découvert, entre autres, l’univers de la danse fluide de Trisha Brown, véritable signature et celui de Karine Saporta. J’ai continué par les ateliers à me former à l’improvisation ainsi qu’à la danse africaine avec Elsa Wolliaston.

Le 31 décembre 1989, un coup de téléphone m’annonça que j’avais deux jours pour déménager car j’étais engagée au Centre chorégraphique de Caen, dans la Compagnie Karine Saporta.

Avec Karine Saporta je vécus des journées, des heures, des nuits d’explorations, de recherches, d’improvisations solitaires mêlées de mystère et d’énergie.

Improviser avec de l’eau qui tombe sur scène, avec des lévriers, sur plateau qui tourne… Improviser dans la pureté d’un geste arrêté, en sautant dans le vide et en rebondissant dans les airs par l’élasticité des baudriers… Des heures et des heures d’improvisation reprises et recadrées au détail près par la chorégraphe qui faisait surgir des qualités d’impact et une expressivité très jazz.

Après trois ans, une urgence intérieure a surgi et j’ai fondé alors ma propre compagnie.

Dix années de recherches, de travail pédagogique, d’improvisations, de créations avec des danseurs français, brésiliens et russes.

En poursuivant parallèlement avec Susan Buirge un travail sur la composition, j’ai créé sept pièces dont Parcours sélectionné en 2000 aux Rencontres Chorégraphiques Internationales de Bagnolet et Tu me fais sourire le ventre crée en 2002 et diffusée en France et au Brésil, subventionnée et coproduite par la Région Basse-Normandie, le ministère français des Affaires Étrangères et le Brésil. Travailler au Nord-Est du Brésil me permit de retrouver l’essence des danses traditionnelles brésiliennes imprégnées des danses africaines.

Une collaboration intense se développa avec le musicien percussionniste brésilien Nana Vasconcelos, relié intimement à la musique et au monde du jazz. De retour en France c’est avec le compositeur Christian Zanesi, magicien des sons et chercheur à la Maison de Radio France que je collabore.

Nourrie de ces traces, de cette terre brésilienne métissée où j’ai pu communiquer avec mes racines africaines et retrouver la Bossa Nova (le jazz du Brésil), j’ai choisi de m’inscrire pleinement dans la danse jazz.

En 2008, j’ai eu l’opportunité de travailler et d’interpréter sous la direction de Daniel Housset une variation d’étude créée par Donald McKayle en 1996 baptisée Rainbow Etude. Le chorégraphe avait composé cette étude pour permettre aux danseurs qui le souhaitaient d’avoir un accès direct à la pièce maîtresse de son répertoire créée en 1959 : Rainbow’ Round My Shoulder. Cette œuvre m’a profondément marquée et a éveillé en moi le désir de découvrir les filiations de la danse jazz.

Titulaire de deux diplômes d’État en jazz et en contemporain sous la direction de Françoise Dupuis qui partageait avec nous les expériences intenses sur le rythme. 

Titulaire du CA en danse jazz, j’ai écrit mon mémoire de recherche de fin d’études de la formation diplômante au CA de danse jazz du CNSMD Lyon sur le sujet : « L’improvisation : un des garants de l’épanouissement de la danse jazz ».

Après avoir enseigné au CRR et au CEFEDEM de Nantes, j’enseigne depuis 2010, au CRR de Caen et j’interviens depuis plusieurs années au Pôle Supérieur Aliénor sur les processus « De l’improvisation à la composition en danse jazz ».

J’ai réalisé en 2013, la variation danse jazz pour fin du 2ᵉ cycle, commande du ministère de la Culture et de la Communication.

Après la création du solo Un Signe en 2017, une commande de « Jazz Orne festival danse », je viens de créer ma deuxième compagnie : Cie Marianne Isson Association « Recherches et Écritures danse Jazz ».

    

[1]Michel Bernard, Le corps, p. 14

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