Vincent Harisdo
Danseur, professeur et chorégraphe, Vincent Harisdo est né au Bénin. A l’âge de 11 ans, il est envoyé dans un pensionnat en France pour y suivre sa scolarité. La danse s’offre à lui d’abord comme un échappatoire, seul prétexte pour s »évader de l’école. Mais il prend vite goût à la danse classique et jazz. Après son bac, à la fin des années 1970, il abandonne ses études d’ingénieur et s’inscrit au Centre de formation de Walter Nicks, un pionnier de la danse afro américaine, à Poitiers. Rejeté par sa famille qui refuse ce choix, il survit de petit boulots de serveur, de taxi-boy et de contrats pour des émissions de télévision dans les numéros de Serge Piers. Sa rencontre avec Alvin Mac Duffy lui montre une autre approche de la danse. Il suit son enseignement à l’Académie de Danse de Paris, puis, sur ses conseils, part aux États-Unis. Il se forme au Bafa Dance and Business Williams Wood College, à Fulton, Missouri, travaille dans le cadre universitaire avec la Kevin Jones Performance Class de Los Angeles puis à la New York High School of Performing Art sous la direction de Jack Ross et Kévin Glastone. A son retour en France, au milieu des années 1980, il danse au sein de plusieurs compagnies : Fox Ballet of Geneva, Compagnie Jazz Mania de Rotterdam, Ballets Noirs et dans la compagnie Dance Création de Alvin Mac Duffy. En 1986, il signe un spectacle sur l’histoire de la mode pour la Paris American Academy et prend la direction, au côté de son compatriote Dan Agbetou, des Ballets Jazz.
En 1990, il s’installe à la Rochelle et assure la direction du Groupe de Recherches chorégraphiques pour lequel il crée La Révolte de Korépha, Offrande, Sacrifice et Cosmogonie (avec Isabelle Cheveau). Sa rencontre avec le béninois Koffi Kôkô fait remonter toute sa mémoire corporelle et musicale issue de la culture béninoise. Pendant dix ans, il reste dans sa compagnie comme danseur, musicien et assistant lors de tournées pour les pièces Passage, D’une rive à l’autre aux Etats-Unis, au Canada, en Angleterre, en Autriche, en Allemagne et en Italie. « Je découvre avec Koffi la danse qui a du sens par rapport à la danse qui a la forme ». De 1994 à 2001, il enseigne régulièrement au CNSMD d’Angers. A la fin des années 1990, Vincent Harisdo initie la création de la Fédération Internationale de Danse et de musique Africaine et conçoit avec Germaine Acogny, Georges Momboye, Flora Théfaine et, entre autres, Carole Sévenou un programme de formation spécifique débouchant sur un diplôme qui finalement ne verra pas le jour. Il retourne alors régulièrement au Bénin pour approfondir ses recherches sur les danses rituelles et sacrées. Il collabore sur des projets en Colombie (avec le chorégraphe Alvaro Restrepo du Ballet Collegio del Corpo, 2000), en Guyane, (compagnie Julie Adami, 2003), au Mexique (avec Porto Rodrigues), en Equateur (avec Susana Ryes) et signe en 2008 Symphonie pour le temps présent, pour le Ballet National du Rwanda. En 2018, il chorégraphie et interprète la pièce Digital Vaudou, de l’artiste numérique Nicolas Ticot (texte Kangni Alem). En 2021, il participe à la création de East African Bolero du chorégraphe rwandais Wesley Ruzibiza, joué en juin 2022 au Théâtre Paris –Villette.
Installé depuis 1995 à Bordeaux (Centre 6° Parallèle), il poursuit la transmission de sa vision de la danse africaine lors de cours et stages en France, en Espagne, en Italie et au Bénin où il a crée le Centre de Développement Artistique et Culturel (CDAC) Elijah, un lieu de formation et de résidence de création, à Djegbadji, sur la commune de Ouidah (à 40 km de Cotonou).
Source : www.harisdo.com, interview par Anne Décoret-Ahiha, à Ouidah, 10 janvier 2020.