Hervé Diasnas
Esprit libre et curieux, il n’a de cesse d’ouvrir sa danse à des champs de perception, d’expression et de communication qui alimentent son vaste laboratoire d’œuvres à nulle autre pareille, constamment « parlantes » à chacun.
Cette aptitude se retrouve dans sa démarche pédagogique. Comment parvient-il à enseigner la danse aux sourds et aux aveugles? Quelle est cette forme nouvelle et unique d’entraînement qu’il appelle la « Pratique »? Certes pas une technique, sauf à prendre le mot dans son sens premier étymologique : un art, l’art d’une réceptivité aiguë et relâchée à soi, aux autres, à l’espace. L’accompagnement de jeunes artistes participe de cette veine.
Il fait partie de ceux qui sont la danse et non de ceux qui font la danse. Il ne transige pas avec la facilité. Ses œuvres, du solo au septuor, plus de (45) au total, s’enracinent dans notre mémoire. Elles le doivent à leur processus et à leur thème de conception.
Car si, interprète, il irradie d’états intérieurs constants et puissants il est, chorégraphe, d’une exigence minutieuse. Il compose une symbiose des éléments sonores, lumineux, vestimentaires, matériels, non pas en tant qu’accessoires, mais démultiplicateurs de son écriture. Il sculpte dans la sobriété et l’épure. De cette cohérence organique naissent des images inattendues qui ne se veulent ni achevées ni belles. Elles se veulent seulement, et c’est là leur force de suggestion. La beauté de son élan est là, dans l’élan, à l’inverse d’un faiseur d’effets. Donc, pas de danse figuratives ou démonstratives, pas de cérébralité empesantée pour nous « dire » l’humain. Son souffle nous parle.
Les humanistes de notre temps ont des allures fougueuses d’insoumission. Ils se cabrent et persévèrent dans l’exploration de l’art et du vivant.
Hervé Diasnas vu par Nadine Raso – directrice de la Saison danse à Montreuil (93) de 1985 à 1998
En savoir plus : diasnas.fr