Rachelle Agbossou
Née à Natitingou, au Nord du Bénin, Rachelle Agbossou prend goût à la danse sous l’égide de son père qui l’emmène au « bal poussière » et l’inscrit à des concours de danse. En 1999, alors qu’elle termine sa quatrième année d’Anglais à l’Université d’Abomey –Calavi, elle intègre l’Ensemble Artistique et Culturel des Etudiants (EACE) puis, en 2000, est recrutée au Ballet National du Bénin dédié à la transmission et à la représentation des danses traditionnelles du pays avec lequel elle se produit en Afrique, en Europe, en Chine jusqu’en 2004. Dans le même temps, elle s’initie à la danse contemporaine auprès du collectif SACAM conduit par Clément Kakpo et Médard Sossa. Elle se forme également auprès d’Irène Tassembedo (Burkina Faso), Rokiya Kone (Côte d’Ivoire), Joan Vand Der Mast et Féri de Geus (Pays-Bas), Erick Kaiel (Etats-Unis) et Francesca Pedulla (Italie).
En 2003, le chorégraphe franco-algérien Heddy Maalem la sélectionne pour Le Sacre du Printemps, qui connaîtra une tournée internationale jusqu’en 2008. En 2005, elle fonde la compagnie Walô, (« comportement » en langue Fon ) animée par la conviction que la danse favorise le changement des mentalités. Avec sa compagnie composée d’une douzaine de danseurs, elle s’implique dans la formation des jeunes danseurs, des enseignants du secondaire et au sein de programmes d’éducation dans les établissements scolaires autour de la santé sexuelle et reproductive, des grossesses précoces et de l’enfance malheureuse. A partir de 2007, par le biais de l’Ambassade des Pays-Bas au Bénin, elle entame un partenariat étroit avec la Fondation Le Grand Cru pour des projets pédagogiques et artistiques. Elle crée Les Tresseurs de cordes (un duo avec Awoulath Alougbin), Léwé. ou l’enfance de l’art (spectacle avec 60 écoliers), Gendarme écrasé, Nontchiovi, A Corps et à Cri (avec le Conservatoire des Arts et Métiers -BFK du Mali), Ondulation (2010) et Foliphonie Mobile (coproduction Fondation Zinsou, 2012).
En 2015, elle tient le rôle principal dans le court métrage de danse Le Son du Serpent du réalisateur Tami Ravid (chorégraphie Féri de Geus), primé au Communidanza Festival de Mexico en 2017. En 2013, avec le soutien financier de NUFFIC, institution néerlandaise, elle crée Touch my Body, Don’t Touch my Body qui dénonce les abus sexuels dont sont victimes les jeunes filles ainsi que les tabous autour de l’éducation sexuelle au Bénin. De nombreuses représentations sont données dans les collèges et lycées jusqu’en 2018.
Associée en 2018 au Centre Chorégraphique Multicorps de Marcel Gbeffa, elle ouvre en septembre 2020, grâce au programme RePaSoC de l’Union Européenne avec l’appui du Ministère de la Culture du Bénin, un centre de formation chorégraphique, le Walô Dance Center, à Calavi, dans la banlieue Nord de Cotonou.
Son solo Sika, crée en 2015 à l’issue d’une résidence à Dakar et qui évoque l’incarcération d’une jeune béninoise, a tourné au Sénégal (Festival Duo Solo, Saint Louis, 2015) au Burkina Fasa (FIDO, Ouagadougou, 2016), au Mali (Danse Bamako Danse, 2016) et récemment en France (Festival Bam Bam, TU Nantes, 2021).
Source : Compagnie Walô, https://walo-benin.com
Interviews par Anne Décoret-Ahiha, Cotonou : 11 aout 2015, 7 Janvier et 21 Juin 2021.