Kossivi Sénagbé Afiadegnigban
Né dans une famille animiste, Kossivi Sénagbé Afiadegnigban s’initie dès l’enfance à la percussion et à la danse lors des cérémonies et rituels vodoun. Très jeune, il intègre la compagnie de danse traditionnelle Gbenodou. Après son baccalauréat, en 2009, il intègre la faculté de sociologie de l’Université de Lomé où il côtoie, en tant que membre du club Unesco, le milieu artistique togolais : performeurs, artistes visuels, plasticiens… tout en poursuivant sa formation en danse contemporaine auprès de Kossi Aholou-Wokawui, Patrick Acogny, Bienvenue Bazié, Lila Greene, Nora Chipomire, Serge Aimé Coulibaly, Salia Sanou. En 2014, une grave blessure au genou le stoppe brutalement dans son élan. Plus d’un an et demi de soins et massages traditionnels lui seront nécessaires pour retrouver sa mobilité articulaire. De cette expérience douloureuse, il crée avec le metteur en scène Hodin Senyon une première pièce : En Sursis, un duo danse / slam autour du handicap. Il fonde alors sa compagnie Sol’Oeil d’Afrik (2015) avec laquelle il mène actions culturelles et projets artistiques, notamment dans l’espace public qu’il affectionne particulièrement. En 2016, il obtient le certificat en Danse traditionnelle et contemporaine africaines et celui en Art de l’enseignement de la danse à l’Ecole des Sables – Germaine Acogny (Sénégal). En 2017, il crée le solo Entre Ciel et Terre, inspiré des rituels vodoun qu’il explore comme repères nécessaires à la construction identitaire de la jeunesse togolaise. « Le vodoun nourrit mon travail tant dans les gestes, les costumes que l’énergie, précise-t-il. « Je puise l’énergie de ma danse dans les cérémonies vodoun. C’est en même temps pour moi une rencontre avec mes ancêtres ». Présentée lors du Festival de danse de Carthage, en 2019, la pièce est retravaillée la même année lors d’une résidence au Centre Chorégraphique National de Roubaix (Ballet du Nord), France, dont le chorégraphe devient le compagnon régulier.
En 2018, Kossivi Sénagbé Afiadegnigban participe à la création de Bintou Dembele, chorégraphe invitée du laboratoire & Festival Fari Foni Waati#2, à Bamako, au Mali. Conscient de la difficulté d’accès des danseurs africains à la formation chorégraphique, il crée la même année la première édition de DTCA (Danse Traditionnelle et Créateur d’Aujourd’hui), une formation de plusieurs semaines conduit par des chorégraphes de renom et ouvert à tout danseur. En 2021, il débute une nouvelle création, Vonvonli (L’Ombre de la peur) pour cinq danseurs (coproduction Institut Français, Togo Créatif (Institut Français du Togo, Goethe Institut, Union Européenne) qui donnera lieu à une première présentation en janvier 2022 au Festival International de Danse de Ouagadougou (Fido) au Burkina Faso, avant d’être repris en 2023 pour une tournée africaine (Togo, Tunisie, Côte d’Ivoire, Mozambique). Cette même année, il s’attèle à une nouvelle recherche chorégraphique, mêlant danse et vidéo : Agbedo (« métier de vie » en langue Ewé) qui explore l’engagement corporel des artisans dans l’exercice de leur métier (première en juillet 2023 à l’Institut Français du Togo).
Sources : Document Compagnie Sol’Oeil d’Afrik, Interview de Kossivi Sénagbé Afiadegnigban par Anne Décoret-Ahiha, Lomé, 12 juin 2019.