Paul les Oiseaux
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Créée en 1987, la compagnie emprunte son nom au peintre de la renaissance Paolo Uccello, et revendique ainsi sa parenté avec le maître italien, dans l’obsession portée à la perspective, à la scénographie, comme à l’inscription graphique des corps sur le plateau. On peut y déceler aussi un hommage aux migrations sans cesse renouvelées des oiseaux, semblables aux trajets incessants des danseurs, et aux traces légères oubliées dans l’espace par les mouvements chorégraphiques.
Mais qu’est-ce à dire ? Tout d’abord que ce travail de recherche chorégraphique poétique flirte avec la peinture, le cinéma, la musique, et qu’il s’est progressivement déplacé, au cours de ses 25 années d’existence, vers le texte.
La force de Paul Les Oiseaux réside dans une tension constante entre une danse techniquement virtuose et une gestuelle concentrée sur l’intime, sur les infimes mouvements des gestes familiers, sur leur inquiétante étrangeté.
La danse chez Paul les Oiseaux s’élabore dans la singularité des corps, qui font de plus en plus appel aux mots : ceux de l’écrivain Timothée de Fombelle dans le spectacle Océan Air puis Chambres d’Hôtels ou bien ceux d’Emily Dickinson, Richard Brautigan, Werner Lambersy pour n’en citer que quelques uns, et aux voix : celles de Cécile de France et de Stéphan Wojtowitcz, ou celles des danseuses et du chanteur musicien Guillaume Siron qui prennent la parole dans le dernier spectacle Toutes les filles devraient avoir un poème.
Oui toutes les filles devraient avoir un poème, et Valérie Rivière possède cette faculté de rêver la danse, de la propulser dans des fictions qui renouent avec le sensible, et la transporte dans des espaces quasi cinématographiques, avec une attention soutenue consacrée à la lumière et aux décors. Une danse dans laquelle réapparait la narration : le thriller chorégraphique par exemple dans Chambres d’Hôtels.
Oui, toutes les danseuses devraient avoir un poème, parce que les danseuses chez Paul les Oiseaux, disent remarquablement des textes qui leur semblent destinés, et qu’elles transportent avec elle une image du féminin très singulière, loin des stéréotypes, et qu’elles sont choisies aussi pour leur capacité à exposer leur sensibilité, leur propre imaginaire.
Paul les Oiseaux a le goût du mystère, de ces mystères qui composent nos rêves éveillés, nos sensations de déjà vu, la buée moite parfois de nos cauchemars, et l’eau claire de nos souvenirs.
Dans une danse affranchie des codes abstraits, Paul Les Oiseaux, propose de recourir à nos sens, avec minutie, méthode, et invoque un lyrisme exempt de toute forme de mièvrerie.
Un imaginaire qui peut se dévoiler en paliers successifs, à pas feutrés, comptés, en multipliant les indices ou dans la déflagration de l’instant.
Les spectacles de Paul les Oiseaux réunissent la fulgurance du haïku poétique et la force des histoires romanesques.
En parallèle avec ses créations, l’identité artistique de la compagnie se construit aussi dans ses ateliers de sensibilisation qui font la part belle aux rencontres avec différents publics, scolaires, futurs professionnels, amateurs… Ces ateliers qui prennent des formes très singulières, conférences dansées, ateliers d’écriture chorégraphiques par exemple, permettent la création de petites formes chorégraphiques adjacentes, et le croisement avec des artistes explorant d’autres pratiques : metteurs en scènes, musiciens, vidéastes, auteurs.
Chaque pièce chorégraphique de la compagnie s’enrichit ainsi de pièces satellites qui développent les mêmes enjeux thématiques et esthétiques explorés au sein de ces workshops productifs.
Depuis plusieurs années, la compagnie intervient aussi auprès de publics empêchés, au sein notamment d’établissements hospitaliers pour personnes âgés dépendantes. Ces projets participatifs donnent lieu à des formes chorégraphiques et/ou à des objets filmiques singuliers fictionnels ou documentaires. La compagnie a notamment l’occasion d’explorer sa pluridisciplinarité à l’occasion de sa résidence avec la ville de Bruges, dont elle est l’artiste associé en 2022 et en 2023, soutenue par l’Iddac.