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Né  en 1947 en Roumanie, de parents d’origine grecque et russe, Gigi  Caciuleanu commence la danse à l’âge de 4 ans. Cinq ans plus tard, il  intègre l’Ecole nationale supérieure de chorégraphie de Bucarest pour un  cycle de huit ans, au cours duquel il découvre la danse contemporaine  auprès de Miriam Raducanu. Cette figure emblématique de la nouvelle  danse roumaine chargée des cours d’« Art de l’acteur » y initie ses  élèves à une approche alternative de la danse. L’engouement de G.  Caciuleanu alors âgé de 14 ans, pour cette nouvelle approche l’incite à  poursuivre le travail avec M. Raducanu en dehors de l’école, jusqu’à  prendre part activement à ses créations au risque d’être renvoyé. A  l’issue du cycle d’enseignement officiel, il est admis à l’Opéra  national de Bucarest au sein duquel il accède rapidement à des rôles de  solistes après s’être perfectionné au Bolchoï (Moscou). Il y fait la  connaissance de la soliste Ruxandra Racovitza, fidèle collaboratrice à  venir. 

Profitant d’un flottement dans la  discipline du régime qui précèdera le durcissement consécutif au  Printemps de Prague (1968), Gigi Caciuleanu se produit dans des clubs  alternatifs de Bucarest en compagnie de Miriam Raducanu. Ensemble, ils  montent un spectacle intitulé « Nocturnes 9″ », qui restera à l’affiche  pendant cinq ans et tournera en Belgique et en Ecosse. C’est dans cette  période d’effervescence « underground » qu’il fait la connaissance de  Dan Mastacan, autre fidèle collaborateur. 

Il  démarre sa carrière de chorégraphe en obtenant en 1970 le premier prix  aux Rencontres chorégraphiques de Varna avec « Mess around », solo qu’il  ne cessera de danser et qui constituera en quelque sorte son « tube ».  Puis il remporte le Concours des jeunes chorégraphes de Cologne deux  années consécutives, en 1971 et 1972, et décide alors de quitter la  Roumanie pour entreprendre une carrière en Europe de l’Ouest. Sur  l’invitation de Pina Bausch – dont il a fait la connaissance comme  membre du jury de l’édition 1972 du concours de Cologne –, il s’associe  au Folkwang Ballet d’Essen (1972-1973) et compose une dizaine de pièces  pour les étudiants de la Folkwang Hochschule. Il s’installe ensuite en  France, où l’asile politique lui est accordé. 

A  Nancy, Gigi Caciuleanu crée le Studio de danse contemporaine en 1973 –  une compagnie de douze interprètes pour un répertoire contemporain – aux  côtés de Rosella Hightower avant de lui succéder à la direction du  Ballet du Grand Théâtre de Nancy l’année suivante au sein duquel il  invitera des chorégraphes comme Dominique Bagouet, Jacques Garnier ou  Maguy Marin. La même année 1974, il remporte le premier prix du Concours  chorégraphique de Bagnolet avec son solo « Joie ». Tout en sillonnant  la France à la tête du Studio de danse contemporaine à l’occasion de  tournées organisées par les Jeunesses musicales de France (JMF), il  prend part à la naissance du festival Danse à Aix aux côtés de R.  Hightower, et se voit confier la direction artistique de la Vème édition  des Rencontres chorégraphiques de l’abbaye des Prémontrés de  Pont-à-Mousson (1979), rencontres qu’il réorganise. 

Nommé  directeur du Centre chorégraphique national de Rennes créé sous le nom  de Théâtre chorégraphique de Rennes en 1978, il est appelé à constituer  une compagnie permanente, fidèle interprète de ses créations à venir – «  Commedia » (1978), « Interférences » (1978), « Cartoons » (1980), « Les  Quatre Saisons » (1981), « Un train peut en cacher un autre » (1982), «  Piazza Italia » (1985), « Quartz » (1985), « Il Trovatore » (1987), «  Saxographie » (1989), « Rue de la Bastille » (1989), « Mozartissimo »  (1991),… – jouées à travers le monde (Asie, Amérique du Nord et du  Sud, Europe). Figure de la déferlante chorégraphique que connaît la  France dans les années 1980, le chorégraphe allie une technique proche  de la virtuosité à une théâtralité et un humour inédits. 

Pédagogue  passionné, Gigi Caciuleanu, parralèlement à son intense activité  artistique, ne cesse d’animer régulièrement des stages – comme les  rendez-vous annuels des Arcs et du Touquet. Il ne renonce pas non plus à  des expériences plus personnelles flirtant avec le théâtre, à l’instar  de celles entreprises avec Maina Gielgud pour « Petipa et crac ! »  (1979), Cherif Khaznadar pour « Machine à sous, porte du ciel » (1979)  ou encore avec Maïa Plissetskaïa pour « La Folle de Chaillot » (1993). 

Remercié  en 1993, il quitte la direction du CCN de Rennes après quinze ans de  présence dans cette ville, cédant la place à Catherine Diverrès et  Bernardo Montet. Il fonde alors sa propre structure siégant à Paris,  subventionnée par le ministère de la Culture, avec laquelle il créera  entre autres « Oskolki, miroirs brisés » (1994), « Ma nuit avec Nijinski  » (1995), « Dans sa fuite Eléonore » (1997), « Adieu Odessa » (1999), «  Verdi requiem » (2001). Pendant cette période, il établit des relations  privilégiées avec des structures qui soutiennent ses créations à  l’image du Théâtre de Colombes. 

Après la chute  du mur de Berlin, G. Caciuleanu fait de nombreux voyages en Roumanie,  sollicité de toutes parts par la scène roumaine. En 2001, il investit  l’écriture théâtrale avec la pièce « Jungle X » dont la mise en scène  est accueillie par un théâtre de marionnettes de la ville de Targu Mures  (Roumanie), un art qu’il considère à l’égal de la danse et du théâtre.  En 2007, il fonde la Gigi Caciuleanu Romanian Dance Company à Bucarest,  qui interprète ses créations « OuiBaDa » et « La Symphonie fanstastique  ». 

Invité à chorégraphier pour d’autres  compagnies, son activité internationale devient progressivement  prépondérante et, en 2001, Gigi Caciuleanu accepte la direction  artistique du Ballet nacional chileno (Banch) pour lequel il créée  notamment « Cuerpos » (2002), « Gente » (2002), « A la Alegria » (2003),  « Carmina Burana » (2004), « Paris-Santiago » (2008), « Carne de Aire »  (2008) ou encore « Oratorio Bach » (2010). 

Parallèlement,  Gigi Caciuleanu publie en 2002 un essai de « choréosophie » intitulé «  VVV : vents, volumes, vecteurs », tout d’abord en espagnol puis en  traduction roumaine (2008) et française (2010), un ouvrage par lequel il  souhaite transmettre ses principes créateurs. 

Distingué  par de nombreux prix et décorations en France comme à l’étranger, Gigi  Caciuleanu a été nommé Chevalier des Arts et Lettres en 1984. Ses  créations sont inscrites au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris, du  Lyon Opéra Ballet, du Tanztheather Wuppertal-Pina Bausch, de La Fenice,  des opéras de Rome et de Cardiff, de la Bat-Dor Company (Israël), et du  Ballet nacional de Chile. 

Source : Centre national de la danse, Claire Delcroix (2013)

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