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LA MECANIQUE DES ANGES
Intégrale
Chorégraphie Thomas Guerry, Camille Rocailleux
Interprétation Aline Braz de Silva, Arnaud Cabias, Romie Esteves, Caroline Rose, Nicolas Martel, Clément Ducol, Christian Boissel, Olivia Scemana
« Déracinement, errance, cohabitation, renouement avec nos instincts, seront les notions phares que nous aborderons dans la création. D’autre part, nous nous intéressons au rapport que nous entretenons avec notre propre image, partant du postulat selon lequel : l’image de soi et l’image de l’autre renvoient, par effet de miroirs, à des interrogations qui débordent le strict cadre esthétique ou narcissique et permettant d’enrichir notre apport au monde et à nous même. Chaque interprète prend part au discours musical et au discours chorégraphique.
L’écriture de nos spectacles se fait à « quatre mains ». Ce qui nous a relié dès le début de notre travail était déjà cette idée parfaitement partagée qu’il n’y aurait pas d’un côté une écriture musicale et de l’autre une chorégraphie qui viendrait respirer dans les temps et tempi de cette dernière. Ni non plus une chorégraphie qui serait première et dont la musique serait une manière d’accompagnement. Mais que tout avancerait, se fabriquerait dans la même progression, s’interrogeant sans cesse de l’une à l’autre, se modifiant dans ce même mouvement de la progression. L’histoire racontée, à ce titre, reste en quelque sorte un support. Ce qui compte vraiment c’est précisément « l’écho » qui est inéluctablement produit par ce cheminement, par les interprétations de l’une et de l’autre. De la même manières nous attendons de nos interprètes qu’à leur tour, avec leur être propre et singulier, ils viennent enrichir, c’est-à-dire modifier la direction indiquée. Nous avons jusqu’alors privilégié, dans nos auditions, des personnes talentueuses et plutôt jeunes, comme nous-mêmes finalement. Nous voudrions cette fois-ci et nous y sommes tout naturellement conduits par l’évolution de notre propre regard, approcher la vieillesse, cet « état problématique » de la vie et lui donner son énergie propre. Pour notre troisième pièce, plus encore qu’auparavant, nous nous soucierons davantage de la voix sous ses formes comme puissant vecteur d’émotions ainsi que du corps, celui du danseur autant que celui du musicien, des « états » de corps, de leur présence au monde, de leur capacité à dire, à eux seuls, déjà, des sommes d’histoires et de situations.
Nous avons choisis de ne pas être interprètes de notre nouvelle création pour garder une plus grande vigilance à ne pas déroger aux intentions qui fondent notre recherche :
– des croisements d’époques, de caractères, de destins se mêlant dans l’instant plus que le passé et l’avenir de nos personnages,
– leur traversée plus que leur point d’arrivée,
– le sensible plus que le cérébral,
– le lâcher prise plus que le contrôle absolu,
– la fantaisie de l’improbable plutôt que l’autorité de la logique,
– le « sample » (en tant que sélection partielle d’un tout) dans les individualités, dans leurs actes, dans l’espace et le temps, ici et maintenant, plutôt que le contexte clairement défini,
– les télescopages de la raison plutôt que la cohérence,
– des thématiques récurrentes subtilement évoquées plutôt que des messages « prêts à consommer »,
– la fragilité de celui qui s’aventure en territoire inconnu plus que la performance pure et la parfaite maîtrise,
– le parcours émotionnel intime et unique de chaque spectateur plutôt que la linéarité d’une histoire. »
Thomas Guerry, Camille Rocailleux
Sources : Programme de salle Maison de la Danse