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Scène nomade / Poèmes
Dans la danse sacrée de l’Inde, la musique et le chant forment un tout,ils sont l’expression d’un seul et unique phénomène. On pouvait danser sur la récitation d’un poème, exprimer avec son corps les sentiments inspirés par les vers.Ce lien de parenté entre la danse et la poésie se ressent particulièrement dans l’œuvre de Rabindranath Tagore. Au-delà de la métrique rythmique et des lois inhérentes à l’écriture poétique, on peut se laisser «soulever»,ou emporter, par un rythme intérieur qui amène à un état méditatif, apaisé.Un mouvement ample apparaît au récitant comme à l’auditeur, le mettant en relation avec ses propres sentiments.Cette notion de mouvement est la pierre angulaire sur laquelle repose les cinq poèmes de Tagore que nous avons choisi d’interpréter dans Scène Nomade.Toute sa vie, Tagore n’a eu de cesse de travailler à dépasser les formats pré-établis ; si son œuvre puise radicalement dans la grande tradition des textes sacrés, comme la Baghavadgita, et le Mahabarata, sa sensibilité et son génie l’amènent à explorer tous les arts possibles : il fut écrivain, philosophe, peintre, et chorégraphe. Il créa une école pour filles dans laquelle toutes ces disciplines artistiques étaient enseignées, en plus de l’étude traditionnelle. Il sent que l’entrecroisement des pratiques, dans un but noble et pur,amène l’humain à une plus grande liberté. Cette pensée humaniste et spirituelle rayonne dès que l’on se met à donner corps aux poèmes.Si la présence de la mort est constamment rappelée, elle l’est en tant que point d’appui de la vie. À l’instar de la danse, où l’immobilité est à la fois le début et la fin de tout mouvement. Chaque geste venant ter-miner sa course dans un espace sans pensée, ni forme.
Source : Sophie Tabakov