Ce contenu contient des scènes pouvant choquer un public non averti.
Souhaitez-vous tout de même le visionner ?
Reusable Parts/Endless Love
Dans Reusable Parts/Endless Love, quatre danseurs interprètent la description sonore d’un baiser inspiré d’une performance de Tino Sehgal, intitulée Kiss et présentée au Guggenheim en 2010. Dans cette œuvre, l’artiste puisait dans les représentations illustres de baisers dans l’histoire de l’art – de Rodin à Klimt, de Courbet à Brancusi – pour composer une chorégraphie amoureuse au ralenti, un entrelacement langoureux et stylisé entre un homme et une femme. À rebours de cette démarche, Gerard & Kelly opèrent une déconstruction, une déstabilisation radicale : le geste intime et symbolique du baiser est répété et décliné en un enchaînement potentiellement infini, qui en révèle la part mécanique et en déploie toutes les possibles combinaisons genrées. Les « pièces », « parties » ou « rôles » réutilisables, évoqués par le titre, renvoient tant à la réutilisation de codes chorégraphiques existants qu’aux différentes parties du corps assemblées et reconfigurées dans l’acte amoureux. Reusable Parts/Endless Love dévoile ainsi la manière dont le rituel amoureux est une performance comme une autre. Enfin, l’utilisation d’instructions sonores ou de « partitions », fréquente chez ce duo d’artistes, permet de mettre au jour, à travers les écarts, les erreurs, les dérapages ou les oublis des interprètes, l’apparition du sujet dans sa singularité, et la manière dont la subjectivité est perpétuellement construite au prisme de l’autre.