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Impair - focus
Jérôme Brabant travaille sur les gestes quotidiens des « tisanèr » pour le solo : Impair. En créole réunionnais, « tisanèr » désigne un herboriste. Il est consulté et recommandé pour ses facultés de guérison grâce aux plantes.
Jérôme Brabant travaille sur les gestes quotidiens des « tisanèr » pour le solo : Impair. En créole réunionnais, « tisanèr » désigne un herboriste. Il est consulté et recommandé pour ses facultés de guérison grâce aux plantes et à une fonction importante dans la société réunionnaise du début du 20ème siècle. Le chorégraphe procède à une recherche généalogique pour retrouver des aïeuls, qui ont contribué à des concoctions médicinales pour combattre la typhoïde.
La scène est délimitée par un triangle, forme équilibrée au nombre impair, offrant un point de fuite sur le corps charbonné, « boukané ». La prédominance du noir et des cymbales incarne le lieu de préparation du remède magique : la cuisine avec les marmites noircies des tisanèr.
Son corps est entièrement recouvert d’une peinture noire aux reflets pailletés. Cette parure fait ressortir l’importance scénique de ses mains et de ses pieds nus dans l’obscurité du plateau. Les mains explorent une gestuelle sur la base de verbes d’actions : cueillir, presser, séparer, soulever. Le chorégraphe rattache cette recherche au corps entier telle une sphère qui explore toute son horizontalité en effectuant des rotations souples et arrondies. Dans un déplacement fluide et lent telle une mise en mouvement de l’infini, un liquide est porté à ébullition, dans un geste mesuré et envoûtant, afin d’en obtenir la texture souhaitée.
La pratique des « tisanèr » se fait par transmission de génération à génération et est une tradition orale. Le chorégraphe transpose la place importante de l’oralité de la société réunionnaise à travers la composition instantanée du chanteur qui improvise une clameur sourde avec des modulations de voix. Les sonorités hard rock des percussions renvoient les penchants cérémonieux et occultes des pratiques de guérison telles des incantations.
Source : Lalanbik