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Relâche
Avec l’humour insolent qui caractérise ses auteurs, le ballet est intitulé Relâche. Ce ballet instantanéiste en deux actes et un entr’acte cinématographique sont une commande de l’imprésario et mécène Rolf de Maré, le Diaghilev scandinave.
Ballet instantanéiste en deux actes, un Entr’acte cinématographique et la Queue du chien
Le désir de présenter Relâche, ce spectacle légendaire de l’histoire des avant-gardes jamais repris depuis sa création, pour l’offrir au public nancéen trouve sa source dans l’amitié de près de trois décennies qui m’a lié au Professeur Bengt Häger. Bengt était le «bras droit» de Rolf de Maré, et son influence fut décisive lors de la création du Dansmuseet, le musée de la danse de Stockholm. Il fut pour moi un soutien sans faille tout au long de ma carrière artistique, depuis mes jeunes années à Stockholm et jusqu’à sa mort, survenue il y a deux ans. Ensemble, nous évoquions souvent la brève et éblouissante aventure des Ballet Suédois dans le Paris des années 1920. Parmi toutes leurs créations, celle qui n’a cessé de m’intriguer le plus est restée Relâche. Quant à l’étonnant film qui lui fait escorte, Entr’acte, les occasions n’ont pas manqué pour moi de le voir et de le revoir, au gré de ses projections dans les musées et les cinémathèques. Il m’a donc semblé que l’heure était venue de réinscrire cette œuvre dans le contexte géographique et culturel qui la vit naître : celui de la France. Au terme d’une année de recherches dans de nombreuses collections publiques et privées, c’est grâce aux ressources conjuguées du CCN – Ballet de Lorraine et de l’Orchestre symphonique et lyrique de Nancy, placé pour l’occasion sous la talentueuse direction d’Aurélien Azan-Zilienski que ce spectacle peut à nouveau briller de tous ses feux.
Petter Jacobsson
Apportez des lunettes noires et de quoi vous boucher les oreilles, avertissait un encart publicitaire paru dans une livraison de la célèbre revue d’avant-garde 391.
Avec l’humour insolent qui caractérise ses auteurs, le ballet est intitulé Relâche. Ce ballet instantanéiste en deux actes et un entr’acte cinématographique sont une commande de l’imprésario et mécène Rolf de Maré, le Diaghilev scandinave. Son principal maître d’oeuvre, Francis Picabia, figure majeure du mouvement Dada et complice de longue date de Marcel Duchamp. Son complice est Erik Satie, pianiste du légendaire cabaret Montmartrois le Chat noir. C’est lui qui, un an avant sa mort et avec une intrépidité intacte, en assure la réalisation musicale et Jean Börlin en conçoit la chorégraphie.
Quant au jeune René Clair, futur auteur d’À nous la liberté, il porte à l’écran un scénario conçu pour l’occasion par Picabia. Voici Entr’acte, l’un des tout premiers films surréalistes. Enchâssé dans le spectacle, sa projection elle aussi fait sensation. Car c’est bien la première fois qu’un spectacle destiné à la scène fait ainsi dialoguer le cinéma avec la danse, les arts visuels et la musique. Pour mieux confier au public le soin d’en résoudre l’énigme. En effet, de quoi y a-t-il Entr’acte pour qui fait Relâche ? C’est au terme d’une durable et passionnante recherche que le CCN – Ballet de Lorraine le fait aujourd’hui entrer à son répertoire. Pour vous en restituer l’intensité.
Christophe Wavelet
Source : CCN – Ballet de Lorraine