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Un son étrange
enregistré au Centre national de la danse à Pantin le 14 mars 2014
Qu’entend un corps quand il danse (ou croit danser) et ne s’appuie que sur les seules forces silencieuses qui sont les siennes, quand autour ou tout près de lui la rumeur devient assourdissante ? Que peut-il entendre d’un texte inouï, Van Gogh, le suicidé de la société d’Antonin Artaud, dit par Alain Cuny, où, comme sous sommation, s’écrit, entre autre, ceci : « (…) sous le terrible coup de boutoir de cette force d’inertie dont tout le monde parle à mots couverts, et qui n’est jamais devenue si obscure que depuis que toute la terre et la vie présente se sont mêlées de l’élucider… » ? Comment, sans lui-même se tenir comme inerte, peut-il soutenir, traduire, trahir cette démesure où s’associent puissance d’un texte et d’une voix, qu’il nous faut écouter presque sans relâche (chaque jour de notre histoire le demande inconsciemment) et s’y exposer en toute intelligence ? L’attente paradoxale de cette danse-ci serait de faire entendre ce texte d’un point d’extrême vulnérabilité – où le corps ne serait que le levier d’une intelligence d’être encore à invoquer.
Mise à jour : mars 2014