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Ibuki (extrait de Namasya)
À partir de la technique pure de la danse indienne, voyagerons-nous vers une une autre manière de vivre la danse ? Ou bien le “Rasa“, la saveur, qui émane de la danse n’est-il pas si différent que le porterait à croire le contraste apparent des formes ?
Formée à la danse classique indienne, ma première expérience d’une autre manière de danser a été le travail avec Pina Bausch. Elle a été l’une des rencontres les plus fortes de mon parcours, autant sur le plan humain qu’artistique. Avec son immense talent, sa délicatesse, sa générosité, elle m’a ouvert la porte d’un nouvel univers gestuel. Avec elle et ses danseurs, j’ai appris à penser et sentir le mouvement autrement, de sa conception jusqu’à son exécution : spontanéité, liberté et rigueur, fluidité, mouvement qui s’écoulent du corps mais aussi du cœur.
Il existe un contraste apparent entre l’univers d’Amagatsu, tissé de lenteur, d’épure et d’abstraction, et celui de la danse indienne, rythmique et rapide, ornementée et narrative. Ces deux pratiques sont pourtant liées dans leur finalité : lumière dégagée et intensité de l’émotion.
Le projet est né donc d’une soirée autour de deux soli travaillés avec ces deux chorégraphes que j’admire et dont l’univers chorégraphique, très personnel et particulier, me touche et trouve résonance en ma sensibilité artistique.
Leur travail eut sur moi un effet magnétique et raviva mon désir d’explorer le mouvement et l’émotion qui s’en dégageait.
J’ai vraiment été séduite par l’idée de travailler avec ces chorégraphes à partir de ma gestuelle et ma technique de danse classique indienne, en croyant à l’universalité de la danse, du mouvement et de l’émotion qu’ils suscitent, sans la nécessité d’un langage technique commun.
À partir de la technique pure de la danse indienne, voyagerons-nous vers une autre narrativité, une autre manière de vivre et ressentir la danse ? Ou bien le Rasa, la saveur, qui émane de la danse n’est-il pas si différent que le porterait à croire le contraste apparent des formes ? À l’image de ma fascination pour l’art du Kuchipudi, mon désir de faire ce chemin dans l’exploration de la danse est également très intense. Sur ce chemin, rien n’est comparable au privilège exceptionnel de travailler avec ces grands artistes, et d’incarner le lien qui les réunit le temps d’une soirée.
Source : Shantala Shivalingappa