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Les larmes de Marco Polo

Chorégraphie
Réalisation
Compagnie
Groupe Émile Dubois
Année de réalisation
2010
Année de création
2000

Les Larmes de Marco Polo. Il y a le titre, posé dans sa dimension intime et publique comme un premier matériau à la fois vulnérable et résistant, offert librement à l’inspiration d’une équipe artistique et au désir du public.
Se nomme de la même façon l’enclenchement d’un travail de création et la forme qui en résultera en septembre prochain.
S’est trouvé ainsi nommé ce face à face entre ce projet et moi-même.
Pour m’y engager, j’ai demandé à Claude-Henri Buffard d’écrire pour la danse un texte qui se situerait entre le livret d’opéra et le scénario de film.
De cette écriture j’en saisis librement la trame, son rythme, des résonances pour une pièce chorégraphique.
Ainsi, dans la première scène-Rustichello recueille les propos de Marco Polo, l’aventurier génois désormais vers la fin de sa vie et contraint dans une prison de Venise.
J’en retiens des rapports de corps, d’écoutes et de confidences marquées par la tension de leurs âges ; Lucien Mars et Thierry Verger seront eux-mêmes engagés dans cette tension mais sans charge de personnages ni de rôles ; rien qu’eux-mêmes associés dans une tentative poétique ouverte au public.
Et ainsi de suite avec huit ou neuf danseurs, quatre ou cinq autres personnes, deux enfants.
La table n’est pas mise mais un repas se compose entre la dynamique saisie de particules chorégraphiques, musicales, plastiques, leurs conjonctions et ce que nous sommes.
Jean-Claude Gallotta – février 2000

Note d’intention
…C’est une histoire murmurée. Entre les murs d’une prison où le hasard a placé un homme, Marco Polo, qui revient d’un si long voyage et un autre, Rustichello, qui veut bien en faire connaître la fable.
Nous sommes donc dans l’espace d’un récit. Entre le véridique et l’incroyable. Avec une bande de pionniers, partis d’Europe vers le soleil levant, et revenus vingt-cinq années plus tard après avoir touché l’Arbre qui marque les limites du monde connu. Nous sommes sur la scène à l’endroit exact de leurs rencontres, c’est à dire partout. Et partout, nous les voyons qui apprennent à approcher l’Autre, quels que soient la couleur de sa langue et le mystère de sa peau.
Ils s’y prennent parfois avec peu de mots, quand il s’agit d’ouvrir les bras ; mais c’est aussi avec un flot de paroles apaisantes qu’on évite le combat. Ils s’y prennent parfois avec peu de gestes, pour ne pas effaroucher ; mais ils inventent aussi mille postures pour tromper leur peur.
Alors, pour imaginer le premier grand voyage qui ouvrit les routes entre l’Occident et l’Orient, qui mit fin à la grand’peur de l’autre, qui fit entendre au monde que la différence est une richesse, nous avons convoqué à la fois la parole et le silence, l’unique et le nombre, avec tous leurs instruments : la danse, le texte, l’étoffe, la chair, le vent, la musique.
Par-dessus, par-dessous, le chorégraphe a rameuté tous les corps, des mieux-dansants aux moins-bougeants sans distinction de prouesses ou de savoir-faire ; toutes les danses aussi, même celles qui ne portent pas ce nom, et qu’aucun registre ne mentionne encore.
Jean-Claude Gallotta met sa danse sur la scène comme Marco Polo raconte son histoire dans sa prison de Venise : avec les moyens du bord, avec les moyens du corps.
Tout est noble qui sert à l’imaginaire. Tout est noble qui sert à dire comment, au sortir de ces voyages, le monde cessa de prendre le merveilleux pour du réel afin de prendre le réel pour du merveilleux; et aussi, comment, depuis ce temps, on rencontre l’étranger, et ce qu’on fait de lui ; comment, depuis ce temps, on ne cesse de chercher l’innocence, en perdant un peu de la sienne ; comment, depuis ce temps, on s’enrichit sous couvert de convertir; comment, depuis ce temps, on confond l’inconnu et l’infidèle; comment, depuis ce temps, on l’asservit; comment, depuis ce temps, on débaptise peu à peu les pays des merveilles tandis qu’on se les approprie, pour leur donner le nom, trivial, de zones d’influence.
Avec « Les Larmes de Marco Polo », un homme, tantôt agité dans le mince rayon de lumière qui balaie son étroite cellule, tantôt face au grand large des steppes impassibles, nous aide à imaginer un vaste monde où l’Autre  – oui, l’autre, le différent, le «moi qui n’est pas moi »-,  quel que soit le nombre de ses dieux ou la sincérité de ses prières, nous est indispensable.
Claude-Henri Buffard

Chorégraphie
Réalisation
Compagnie
Groupe Émile Dubois
Année de réalisation
2010
Année de création
2000
Conseil artistique / Dramaturgie
Claude-Henri Buffard
Assistance à la chorégraphie
Mathilde Altaraz
Durée
68′
Lumières
Marie-Christine Soma
Musique live
Weiliang Zhang (flûtes) Vincent Debruyne (alto) Thierry Miroglio (percussions)
Musique originale
Shuya Xu
Interprétation
Ximena Figueroa, Ludovic Galvan, Benjamin Houal, Yannick Hugron, Hee-Jin Kim, Kae Kurachi, Massa Sugiyama, Thierry Verger et Jean-Claude Gallotta dans le rôle créé pour Lucien Mars
Production de l'œuvre vidéo
Biennale de la danse – 2000
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