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Les Aventures d'Ivan Vaffan
L’enregistrement des Aventures d’Ivan Vaffan propose un parcours (fragmenté) jusqu’au bout des données visuelles. Réalisé entièrement sur scène, il ouvre des visions impossibles. Tout est pris ici, dans le gros plan, et dans le son stéréophonique. La sueur du visage, et jusqu’au grain de la peau tendue sur le muscle de la cuisse. Dans un plan panoramique, la scène habilement creusée en angle contient un opéra fantomatique, où les danseurs jouent avec tous les degrés du spectaculaire.
Laurence Loupe – Art Press – 1984
« Les Aventures d’Ivan Vaffan. Cela sonne russe et, pourtant, dans la biographie jointe au programme, on apprend que le Vaffan en question serait né à Istanbul. La date n’est pas précisée. Et pour cause!La biographie est imaginaire. Ce qui rassure immédiatement ceux qui craignent toujours d’avoir un trou dans leur culture. Il y a bien un trou mais il est imaginaire et donc d’autant plus inquiétant. Et tout de suite, les aventures viennent combler tout risque de trou. Les aventures, ça court, ça court ; pas le temps de sonder les profondeurs abyssales ! Les Aventures d4ivan Vaffan sont d’autant plus véloces qu’elles adoptent les deux registres les plus rapides et les plus propices à rebondissements dramatiques. Celui de la guerre et celui de l’érotisme. »
Hervé Gauville – Libération
« Qui est Ivan Vaffan? C’est un non inventé?
Oui c’est un nom inventé. Avec la chorégraphie, le champ est tellement ouvert qu’on ne sait pas ce que va être le spectacle. En même temps, je n’ai pas envie de travailler sans titre. Quelqu’un m’a fait découvrir que souvent je prenais un nom propre : Yves P., Ulysse, Daphnis é Chloé. Un nom, un être, permet d’avoir tous les possibles et toutes les contradictions. L’image première, c’est celle d’un être, avec tout ce qu’il a pu faire, avec ses aventures les plus philosophiques et les plus narratives, les plus intérieures et les plus extraverties.
Je me suis amusé à écrire des choses sur Ivan Vaffan. C’était entre l’aphorisme et le conte philosophique, avec un côté Zarathoustra. Ces notes, je ne m’en suis pas servi pour la chorégraphie. Mais, ce qui reste important, c’est toute la divagation, toutes les résonances du trivial au sacré, qui peuvent se produire à partir d’un nom. En évitant bien sur le mime et le théâtre. Pas le théâtre au sens général du terme, mais le théâtre comme support à des actions conventionnelles.
La seconde partie du spectacle s’intitule le Studio blanc et s’organise autour de deux barres de danse disposées en oblique. Avez-vous voulu délibérément présenter une réflexion sur le cube scénographique?
Pas du tout, il s’agissait simplement d’imaginer deux barres de studio et de faire en sorte qu’on voie toujours les danseurs, même lorsqu’ils sont en file indienne. Je suis parti de l’idée du studio de danse comme une sorte de creuset où l’on va toujours se ressourcer. Après le premier acte, qui est très fort au sens physique du terme, il fallait s’arrêter et repartir de quelque chose de premier : l’origine du danseur, le studio. Mais cela, c’est une chose que je découvre peut-être a posteriori (…). »
Propos recueillis par Alain Philippon – Le Monde