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Photochorégraphie,  ainsi pourrait être définie l’activité créatrice de Lois Greenfield  depuis une vingtaine d’années. Donnant la primauté à la photographie,  l’Américaine refuse de se limiter aux images documentaires du reportage  de danse, dès ses débuts dans le domaine en 1973, peu après son arrivée à  New York. Une longue collaboration avec la presse, Village Voice, Dance  Magazine, Time ou Rolling Stone, lui permet d’approfondir ses  connaissances de la danse contemporaine. Fatiguée des contraintes liées  aux mauvaises conditions de prise de vue lors des spectacles ou des  répétitions, Lois Greenfield décide en 1980 d’ouvrir son propre studio,  se substituant progressivement au chorégraphe.|

Le mouvement des corps, le détail de chaque geste, ainsi que  l’expression des visages ou du regard, sont alors organisés pour une  mise en scène purement photographique. Ceci nécessite des danseurs une  maîtrise technique absolue, en particulier lorsqu’ils interviennent à  plusieurs dans le cadre relativement restreint de l’image, correspondant  à une largeur de 3.50 m. dans le studio. De telles acrobaties exigent  une précision extrême des danseurs, comme de la photographe.

La prouesse technique n’est plus vécue comme une contrainte. La  photographe propose à ses modèles d’oublier les chorégraphies imposées  et de laisser libre cours à l’expression personnelle de leur corps. La  liberté favorisant l’audace, la danse se fait plus expérimentale. La  création jaillit d’une collaboration entre chorégraphie (écriture des  corps en mouvement dans l’espace) et photographie (écriture par la  lumière), le corps en suspension apparaissant comme une métaphore de  l’instantané photographique, du temps suspendu.

Ainsi, Lois Greenfield place l’énergie cinétique au centre de sa  recherche. Elle explore les tensions qui résident dans le langage du  corps, notamment entre la pesanteur et la légèreté, l’effort et la  détente, ou entre les différentes directions des mouvements, la  verticale, la diagonale et l’horizontale. La confrontation de forces  divergentes instaure une dynamique dans l’image, et se fait l’écho des  tensions spécifiques au langage photographique, principalement le jeu  sur le cadre et le hors-cadre.

Dans sa recherche d’une esthétique personnelle, Lois Greenfield  refuse les poncifs de la photographie de danse, tels que l’usage du  flou, les effets excessifs de drapé ou l’instant décisif figé. Depuis  1982, elle exploite les particularités du format carré. La bordure noire  du film apparaît sur les tirages, afin de marquer l’espace blanc dans  lequel évoluent le plus souvent les danseurs. Cet espace abstrait, comme  illimité, met en valeur le modelé des corps et leur procure une  certaine atemporalité. Les danseurs sont-ils en pleine ascension ou  vont-ils bientôt tomber ? Dans les photographies récentes, les corps  semblent échapper aux lois de la gravité. Airborne, qui décrit  généralement un avion aéroporté, entre ciel et terre, exprime au mieux  cette sensation étrange de voir des danseurs en apesanteur.

Source : elysee.ch

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