Jean-Pierre Thorn
« Il y a une vingtaine d’années… il y avait un film d’ultra-gauche qui circulait. Et malgré l’affection qu’on portait l’époque pour beaucoup de thèses politiques énoncées dans les films gauchistes, on trouvait en général ces films absolument imbuvables… sauf un ou deux, et sauf celui-là. Il s’appelait Oser lutter, oser vaincre… On se disait : là, ça bouge, ça existe, ça respire, on sent quelque chose, on sent quelqu’un. Et c’est petit à petit que le nom du responsable de ce film, Jean-Pierre Thorn, a fini par émerger, jusqu’à ce qu’il émerge carrément. »
Serge Daney Microfilm 20 mai 90 sur France Culture.
Né à Paris en 1947, Jean-Pierre Thorn débute en 1965 à Aix-en-Provence par des mises en scène théâtrales : Les Fusils de la mère Carrar et Sainte Jeanne des abattoirs de Bertold Brecht. Il tourne son premier court métrage en 1965 et son premier long métrage en 1968 à l’usine occupée Renault de Flins dans le cadre des productions des « États Généraux du Cinéma français ».
En 1969, il abandonne le cinéma pour un poste d’ouvrier à l’usine métallurgique Alsthom de Saint-Ouen. En 1978, retour au cinéma. Il est co-animateur de la distribution du programme de 10 films intitulé Mai 68 par lui-même.
En 1980, il réalise son second long métrage Le Dos au mur (témoignage de l’intérieur sur son expérience ouvrière), puis de nombreux films d’entreprises et émissions syndicales, dont le premier magazine T.V. inter comités d’entreprise Canal C.E.
En 1989, sa première fiction Je t’ai dans la peau raconte le destin étonnant d’une femme, religieuse puis dirigeante syndicale, se suicidant au lendemain de la victoire de la gauche de 1981.
Depuis 1995, il collabore avec le mouvement hip-hop et réalise 3 films, devenus emblématiques de cette culture : Génération Hip Hop, Faire kiffer les anges et On n’est pas des marques de vélo.
En 2006, son film documentaire Allez Yallah ! raconte l’épopée d’une caravane de femmes luttant, des deux côtés de la Méditerranée, contre la régression de leurs droits remis en cause par la montée des intégrismes religieux. Il signe un nouveau film-manifeste en 2011, avec 93, la belle rebelle, qui brosse 40 années de résistance musicale en Seine Saint-Denis ?
Avec L’Âcre parfum des immortelles qui sort en 2019, il propose un film hybride qui mêle souvenirs personnels de son amour de jeunesse, Joëlle, morte prématurément au début des années 1970, extraits de ses précédents documentaires, dont il a retrouvé certains des protagonistes, et rencontre avec un groupe de Gilets jaunes.
Source : film-documentaire.fr