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Fille de Pierre Lartigue, un des premiers écrivains à avoir traité de Cage et Cunningham, et de Bernadette Bonis, critique au magazine Danser, Marceline Lartigue suit les enseignements de Suzon Holzer, Hideyuki Yano, Lucinda Childs et de Merce Cunningham à New York (1976-1980). Interprète de Karole Armitage (elle a dansé Gogo Ballerina), de Karine Saporta (1984 – 1987) et de Susan Buirge (2000 – 2003), elle fonde la compagnie Szerelem et crée entre 1989 et 2008 une vingtaine de pièces qui, selon la critique, relèvent davantage du rituel ascétique que du divertissement : L’Orage d’une robe qui s’abat (1998), L’Antichambre des Contes (1999), L’Improbable (1996) et Centaures (1997). Dans Erzsebet (1988), elle évoque la figure légendaire et sanglante de la comtesse hongroise Elisabeth Bathory d’Ecsed. D’autres portraits historiques suivront : Lola Montes (1992), Gilles de Rais (1995). Elle réalise aussi des portraits d’interprètes inspirés de la peinture ancienne, comme celui du danseur Michel Barthome, Figures (1994) ou de la danseuse et amie Marjolaine Zurfluh : Le Portrait de Marjolaine (1992), solo portant sur la notion d’extase, qui sera repris à la demande et pour le danseur étoile de l’Opéra Jean-Yves Lormeau sous le titre Prédelle (1995). Ce tableau dansé inspiré de la « statuaire polychrome baroque d’Espagne et d’Italie » (René Sirvin), a amorcé à l’Opéra-Comique une autoréflexion sur la danse, dix ans avant la Véronique Doisneau de Jérôme Bel. Son autoportrait, intitulé Tabou (1993) est quant à lui inspiré du personnage de Salomé. Pour Marie-Christine Vernay, la danse de Marceline Lartigue est « régulée par une force intérieure, une profonde respiration et une attraction extérieure ». 

En 2003, Marceline Lartigue entreprend un cycle de recherches et d’études autour des rituels qui la mène au Sénégal, au Ghana, au Mali, au Burkina Faso ainsi qu’au Bénin où elle séjourne régulièrement de 2005 à 2011. Lauréate du programme Villa Médicis Hors les murs (2006) et de la Bourse aux Ecritures Chorégraphiques Innovantes du Ministère de la Culture Français (2008 – 2009), elle expérimente alors de nouveaux protocoles qui approfondissent sa conception d’une “danse formelle et habitée”. “C’est grâce à l’observation des formes dansées qui régissent les cérémonies rituelles, explique-t-elle, que je transmets et partage ce qui peut constituer de nouveaux outils de création pour des artistes, interprètes et chorégraphes d’aujourd’hui ». Au Sénégal, au Ghana et au Bénin, elle engage des collaborations artistiques et participe à des programmes de formation. Elle dirige des ateliers pour danseurs, comédiens et chorégraphes à l’Ecole Internationale de Théâtre du Bénin. En partenariat avec le Conservatoire des danses cérémonielles et royales d’Abomey, elle développe dès 2008 une initiation à la danse contemporaine à travers les danses patrimoniales et conduit les « Ateliers Asansan », danses patchwork élaborées à partir de l’identité des interprètes, qui donnera lieu à des représentations en 2009 à Parakou et Abomey. Cette même année, elle intervient comme experte internationale pour la formation de formateurs à l’Ecole du Patrimoine Africain de Natitingou.  En juin 2011, elle répond à la commande de la Fondation Zinsou et signe Marcel, Ici et maintenant, un solo pour le danseur béninois Marcel Gbeffa, à l’occasion du festival Dansons Maintenant ! 

A son retour en France, Marceline Lartigue crée pour le festival Chemin des Arts, d’Alfred Alerte, à la Bergerie de Soffin, le solo Traces, inspiré par ses recherches au Bénin sur les danses Vodoun et nourri de ses expériences vécues en Afrique de l’Ouest. Ce travail se prolongera dans le projet intitulé Gradhiva Expérience mené en 2012-2014 avec Marjolaine Zurfluh.

Marceline Lartigue se lance ensuite dans le militantisme politique. Alors qu’elle distribue des tracts, elle meurt en pleine rue d’une rupture d’anévrisme, en Avril 2018, à l’âge de 57 ans.

Source : Raphaël de Gubernatis, « Marceline Lartigue, femme artiste flamboyante », 2 mai 2018, in https://toutelaculture.com/actu/marceline-lartigue-femme-artiste-flamboyante/

Nicolas Villodre, « Adieu Marceline », in Danser, Canal Historique

https://dansercanalhistorique.fr/?q=content/adieu-marceline

Flyer Marceline Lartigue, « Dansons maintenant ! » Antoine Tempé au Champ de Foire, Fondation Zinsou, 2011.

Documents Marceline Lartigue, Archives Marjolaine Zurfluh. 

Interview de Marjolaine Zurfluh, par Anne Décoret-Ahiha, 28 septembre 2022. 

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